Plus le ciment est cher, plus le bâtiment va. Le prix peut se faire amortir par le loyer au mètre carré, une fois le petit building achevé. «Quand le bâtiment va, tout va», dit-on. Or, le bâtiment va mal, très mal même, à Annaba où devront être livrés à l'orée 2009 quelque 22.000 logements ainsi que différents équipements publics. La raison? Le ciment, très disponible sur le marché parallèle, est quasi introuvable à la cimenterie H'djar Es Soud, principale unité alimentant entre autres la wilaya de Annaba. Les revendeurs s'approvisionnent auprès d'autres unités de production situées à plus d'une centaine de kilomètres, à Tébessa, Hamma Bouziane (Constantine) ou à Aïn El Kebira (Sétif). Le prix de revient s'en trouve ainsi augmenté et se répercute sur le prix de vente. La spéculation prenant le relais, le sac de ciment atteint allégrement les 600DA. Quand s'arrêtera le prix du ciment? Nul ne le sait. A l'allure où vont les choses, des records restent à atteindre par ce matériau indispensable dans la construction. Cette hausse du prix du ciment et sa pénurie font la pluie et le beau temps dans ce secteur. Plusieurs entreprises de construction sont à l'arrêt ou fonctionnent à 30% de leurs capacités, mettant ainsi au chômage des centaines d'ouvriers. Gesi Bat, Batigec, Medit Bat, entre autres, tournent au ralenti tout en espérant que les prochains jours seront meilleurs et que la situation se rétablira. Ces entreprises étouffent. Elles ne peuvent plus faire face. D'autres ont décidé d'arrêter les travaux du fait que les prix du m2 bâti sont devenus dérisoires, face à cette situation. Cette pénurie est, selon nos informations, due à une rupture des stocks de matière première à la cimenterie de H'djar Es Soud. La cause avancée selon certains transporteurs est fallacieuse, il s'agirait de mauvaise gestion ou de pénurie organisée pour profiter de ce soi-disant manque et augmenter ainsi les prix. Cette situation, intolérable pour les entreprises tenues de réaliser dans les délais les projets qui leur ont été affectés, perdure et risque de compromettre sérieusement les différents programmes initiés, toutes formules confondues (LSL, LSP, LV ou HR). Les explications avancées ne provoquent nullement l'émotion. Il n'y a pas lieu de se donner bonne conscience. C'est à prendre ou à laisser. Pour preuve, plus le ciment est cher, plus le bâtiment va. Pourvu que le marché soit approvisionné, le prix peut se faire amortir par le loyer au mètre carré, une fois le petit building achevé. Le cycle est infernal. Lors de sa dernière visite d'inspection et de travail dans la wilaya de Annaba, M.Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, avait été mis au courant de ce problème qui avait handicapé le rythme des réalisations de logements. Le représentant du gouvernement avait pris note des doléances de ses subordonnés des 16 wilayas de l'Est regroupés à l'occasion. Malheureusement, et c'est toujours, au moment où l'activité des chantiers reprend et bat son plein avec vigueur que ce problème ressurgit avec toutes les conséquences en découlant. C'est un véritable SOS que lancent ces entreprises qui ne peuvent faire face à cette vraie-fausse pénurie que tous déplorent, sans pour autant qu'une solution définitive soit trouvée.