Il revendique une journée nationale à la mémoire des victimes algériennes de la torture. Une journée nationale à la mémoire des victimes algériennes du colonialisme français. C'est ce qu'a revendiqué l'historien et ancien soldat français, Henri Pouillot, jeudi dernier, lors d'un colloque tenu au Sénat sur le colonialisme. Les crimes qu'a commis l'armée française contre ceux qu'elle considérait comme rebelles restent impunis jusqu'à aujourd'hui. La reconnaissance de ces crimes serait le moindre des actes pour rendre justice aux victimes. «Je crois que la justice principale c'est la reconnaissance et la condamnation des crimes contre l'humanité commis au nom de la France durant toute cette période», a affirmé l'historien à un quotidien national. M.Pouillot a, en outre, appelé à lancer un débat ayant pour but de lutte contre la réapparition du colonialisme sous toutes ses formes, en particulier le racisme, qui justement, a poussé les soldat français à commettre des génocides. Parlant des conditions qui ont poussé des militaires souvent appelés à commettre de pareilles terreurs, Henri Pouillot a déclaré à un quotidien français qu'«un climat de haine raciste, de mépris de l'autre, soigneusement entretenu et cultivé par la stratégie militaire incitait chacun à prendre sa part du système présenté comme la seule solution naturelle». Si cet historien semble déterminé à mettre à nu les dépassements commis par ses confrères, il a, par ailleurs, mis en garde de ne pas tomber dans le piège de la «guerre des mémoires». Le décèlement de la vérité mise plutôt sur une réconciliation avec le passé et à un nouveau départ entre les deux parties, française et algérienne. Il ne faut donc pas s'écarter de l'objectif principal et tomber dans le piège de la rumination des haines. La défense de la cause algérienne n'est pas une nouveauté pour Henri Pouillot. Cet appelé, qui a intégré l'armée française en 1961, a été le témoin de tortures infligées aux femmes comme aux hommes algériens. Il a à son actif deux livres qui décrivent la vie menée pendant les quelques mois où il a servi au sein de l'armée. La première oeuvre s'intitule La villa Susini et la deuxième Mon combat contre la torture. La villa Susini était un centre où on martyrisait les détenus combattants FLN et parfois même de simples citoyens qui n'avaient rien à voir avec la guerre. Dans cette villa qui se dresse encore sur les hauteurs de Belouizdad Alger, les soldats français ont fait du supplice tout un art. Rien ne leur était interdit, même les viols collectifs pratiqués sur des jeunes filles, parfois ramassées au hasard dans la rue. Outre ces deux livres, M.Pouillot a partagé ses témoignages dans les films reportages: Paroles de tortionnaires et L'Ennemi intime. Il s'est également prononcé sur le sujet dans l'émission télévisée française Envoyé spécial. Si l'ancien soldat ne pouvait crier haut et fort les tortures pratiquées sur les prisonniers dans le passé, aujourd'hui il les dénonce avec insistance. Notons que les gouvernements français qui se sont succédé depuis 1962 refusent de reconnaître les crimes contre l'humanité commis par l'armée française en Algérie.