C'est par la voix de son ministre des Affaires étrangères que l'Algérie appelle ses partenaires européens à adopter cette «démarche humaine». La coopération entre l'Algérie et l'Union européenne sortira-t-elle de son cocon: «La logique commerciale?» C'est en tous les cas l'appel que vient de lancer Mourad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne, lundi à partir de Bruxelles. La coopération entre l'Algérie et l'UE doit sortir rapidement de sa «logique commerciale» et passer à «un partenariat plus large», a souhaité le ministre des Affaires étrangères algérien. La diplomatie algérienne compte bien servir de support à la mise en pratique des Accords d'association signés avec l'UE et théoriquement, entrés en vigueur depuis septembre 2005. Et diplomatie et échanges commerciaux semblent faire plus que bon ménage. Il s'agit du côté algérien de «mener de pair la démarche économique avec la démarche humaine, cohérence à laquelle ne sont pas encore parvenues les deux parties», a relevé M.Mourad Medelci. En effet, que peuvent signifier des rapports économiques avantageux sans respect de la dignité humaine et l'instauration d'une discrimination qui n'a aucune raison d'être, si ce n'est le déni de faciès ou alors des stéréotypes colportés par ce phénomène qui est désormais devenu planétaire, le terrorisme? Cela a eu pour conséquence de mettre l'Algérie au ban des nations. L'intérêt qui lui est retrouvée ne date pas des années 90. A ce moment-là, la destination Algérie n'était très recommandée sinon interdite. Ses ressortissants étaient indésirables. L'obtention du visa relevait du parcours du combattant quand ce n'était pas du miracle. Le ministre des Affaires étrangères algérien a estimé que «la question de l'octroi de visas dans des conditions dignes et dans des délais raisonnables a évolué mais de façon insuffisante». Seule avancée à signaler: la suppression de la consultation préalable de la part des pays membres de l'Union européenne. L'Algérie et peut-être pour la première fois de son histoire a mis, dans la balance, ce facteur humain qu'elle entend défendre avec vigueur. Les accords dans ce domaine semblent buter sur une forme de «chantage»: la réadmission des immigrés illégaux dans leur pays d'origine. Le chef de file de la diplomatie algérienne plaide non coupable sur ce point. «Ces accords fonctionnent de façon tout à fait satisfaisante», a déclaré M.Medelci. «Ce qui ne nous empêche pas de les améliorer», a-t-il ajouté en substance. Ces priorités dans les propositions concrètes ont été soumises par Benita Ferrero-Waldner, la commissaire européenne chargée des Relations extérieures lors de sa visite la semaine dernière à Alger. Elle avait à mettre, dans l'immédiat, ce programme en pratique. L'appel de M.Medelci au passage à un partenariat plus large se résume en trois points: le partenariat stratégique énergétique englobant l'exportation d'énergies renouvelables, le soutien de l'Union européenne pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, l'accès aux nouvelles technologies et l'amélioration des conditions d'entrée des Algériens sur le continent européen. L'Algérie veut préparer l'ère de l'après-pétrole et assurer un avenir aux générations futures. «Nous attendons des partenaires européens une assistance pour aller dans le sens de la préparation de l'après-pétrole, car nous sommes concernés comme tous les pays, par la promotion des énergies renouvelables», a souligné Mourad Medelci, qui a annoncé que ces objectifs seront mis en chantier dès le mois prochain. Il espère, par ailleurs, que le dossier de l'adhésion à l'OMC qui traîne en longueur, sera finalisé dans le courant de cette année. L'Algérie qui s'impose de plus en plus comme un partenaire incontournable et fiable des pays de l'UE, a des arguments économiques à faire valoir désormais, pour que ses ressortissants jouissent du respect qui leur est dû.