«C'est notre souhait, fondé du reste sur des considérations culturelles, sociales et économiques.» L'éventualité d'ouvrir les frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc «est tout à fait envisageable», a déclaré le président Bouteflika. «C'est notre souhait, fondé du reste sur des considérations culturelles, sociales et économiques», a-t-il encore affirmé. Les propos du chef de l'Etat dénotent une volonté manifeste de l'Algérie de renouer avec son voisin de l'Ouest. Un souhait exprimé également et à maintes reprises, par la partie marocaine. Bouteflika ne manquera cependant pas de nuancer son souhait. La réouverture de la frontière est «liée aux conditions qui ont présidé à sa fermeture», tient-il à préciser. Et d'ajouter: «L'ouverture interviendra lorsque seront levés tous les obstacles qui l'empêchent actuellement.» La fermeture des frontières terrestres entre les deux pays voisins, rappelons-le, a été prise par la partie algérienne en 1995. Une réplique survenue après que les autorités marocaines eurent décidé d'exiger le visa aux ressortissants algériens. Le problème de visa a été enterré en 2005, quand le souverain chérifien a procédé à l'annulation de visas pour les ressortissants algériens. Quelques mois après, l'Algérie répondra avec un geste similaire. Mais, depuis, les choses sont restées en l'état. D'ailleurs, la même année, 2005, Bouteflika prendra tout le monde de court en lançant que «l'ouverture de la frontière demande plusieurs mois». En parlant d'empêchements, Bouteflika faisait allusion, sans l'ombre d'un doute, à la crise du Sahara occidentale qui continue d'envenimer les relations bilatérales. C'est une question de décolonisation qui devait être réglée dans le cadre de l'ONU, ne cessent de rappeler les dirigeants algériens. Une position de principe, affirme-t-on en sus, à Alger. Du côté de Rabat, cette question est vue comme étant «une affaire algéro-marocaine». Une divergence de taille qui a été à l'origine du gel du projet de l'Union maghrébine. L'évolution de la position de Bouteflika quant à l'ouverture des frontières serait une suite au processus de négociations entre Rabat et le Front Polisario. Le chef de l'Etat l'a d'ailleurs bien indiqué à Reuters. «Je suis certain que le Maroc et le Front Polisario n'ont pas encore épuisé toutes les possibilités qu'offrent la négociation et l'avantage de pouvoir se parler directement sans pré-conditions.» Cela avant d'affirmer que «la reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario sera une évolution dangereuse et dramatique pour l'ensemble de notre région». D'autre part, après avoir relevé des «évolutions remarquables», Bouteflika estimera que les relations algéro-françaises «n'ont pas encore donné leur pleine mesure». Et d'ajouter: «Nos relations recèlent encore de grandes potentialités que nous nous devons d'exploiter.» Pour ce qui est de la coopération économique, il estimera que «les efforts déployés méritent d'être quelque peu réorientés pour les sortir de la logique purement commerciale». Le véritable partenariat est lié étroitement à «l'accroissement substantiel du flux d'investissements», atteste-t-il.