Le quartier de la Nouvelle-ville de Tizi Ouzou est toujours en ébullition. Les jeunes protestataires ont gravi des échelons dans leur action et bloqué un secteur important de ce quartier de Tizi Ouzou. Les automobilistes ont eu toutes les peines du monde à sortir ou rentrer dans ce quartier, les jeunes ayant dressé des barricades avec des objets hétéroclites: poubelles, déchets et gravats de toutes sortes, poteaux de signalisation routière et pneus enflammés. Tout a commencé quand les jeunes en question, habitant la Cité des 2000 logements et trabendistes de leur état, ont entendu que d'autres jeunes, eux aussi logés à la même enseigne, ont été inscrits pour bénéficier de locaux commerciaux au niveau de l'ex-Souk El Fellah, sur l'avenue Ameyoud à la Nouvelle-ville. Dans leur imaginaire, ces jeunes pensaient que «seule la rue pouvait régler le problème». Aussi et depuis vendredi dernier, dans la soirée, les actions de violence et d'occupation de la voie publique se sont multipliées. Elles ont eu également à déborder de leur quartier et à aller occuper la rocade sud et là la police a été obligée d'intervenir pour débloquer les choses et rendre la rocade aux automobilistes. Avant-hier, dans la soirée, aux environs de dix huit heures, la police a décidé d'interpeller sept jeunes manifestants, ces arrestations avaient d'ailleurs exacerbé la colère juvénile. Ce n'est que vers le coup de 22 heures, que six d'entre eux ont été relâchés alors que le septième, T. 23 ans, un repris de justice, semble-t-il, devait être gardé dans les locaux de la police du moins jusqu'au moment où nous mettons sous presse. Les gens de la région sont désolés de ce que les jeunes gens, à tort ou à raison, en soient arrivés à considérer que seules la violence et l'occupation des rues peut régler un problème. Les jeunes de leur côté disent que «l'administration n'écoute que la violence et que sans ces actions, personne ne saura que nous existons». Et l'un des jeunes protagonistes d'ajouter: «Nous ne voulons rien d'autre qu'un partage équitable des moyens par l'Etat. On donne des locaux à quelques jeunes et nous alors?» Tizi Ouzou qui se souvient des dures années de colère du Printemps noir, croise les doigts afin que ce feu de paille de la colère juvénile soit «traité» de manière à ce que les choses jamais ne dérapent. Mais comme l'affirment des citoyens rencontrés dans la rue, en train d'observer ce qui se passe dans ce quartier de la Nouvelle ville: «Tizi Ouzou ne versera jamais dans la violence pour une histoire de locaux commerciaux.»