Le nouveau Code du travail favorise la précarisation de l'emploi. Après Temmar et Khelil, c'est au tour de Louh de subir les foudres de Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs. La politique de l'emploi menée par le ministre du Travail est «très dangereuse», a estimé Hanoune à la clôture de la rencontre ayant réuni les militantes du PT au siège du parti à Alger. Le gouvernement, ajoutera-t-elle, doit présenter un «bilan détaillé» des différents dispositifs d'emploi essayés à ce jour avant de lancer une nouvelle stratégie. Le filet social et le contrat de préemploi (CPE), consacrent la «précarité du travail», a-t-elle relevé. Plus loin, la conférencière soutiendra que «la précarisation de l'emploi est à l'origine de la prolifération des phénomènes de la prostitution et du harcèlement sexuel», a-t-elle avancé. Parlant du filet social, elle s'interrogera: «Comment imaginer q'une famille puisse subsister avec 3000 DA par mois, sans se prostituer.» Le CPE, quant à lui, oeuvre pour «la dégradation des diplômes». Elle avancera à titre illustratif, que «des diplômées universitaires se sont retrouvées dans l'obligation de travailler comme femmes de ménage». Le Code du travail, annoncé en grande pompe par le ministre du Travail, n'a pas été en reste dans le réquisitoire de la patronne du PT. Les principes de la polyvalence et de la flexibilité, apportés dans ce nouveau texte de loi, visent à «clochardiser davantage l'emploi en Algérie», car, estime Louisa Hanoune, ils permettent aux employeurs de jouer sur le nombre des heures de travail et leur facilitent l'exploitation des travailleurs. «Une enseignante serait appelée à accomplir les tâches d'une cuisinière si l'on accepte cette polyvalence», a-t-elle déduit. L'autre point qui a suscité l'indignation de Mme Hanoune a trait à la décision de l'Etat de payer une partie des salaires des travailleurs recrutés par des entreprises privées et même étrangères pour les encourager à créer de l'emploi. Cette décision, aux yeux de la conférencière, traduit une volonté de détruire les entreprises publiques, lesquelles subissent de fortes pressions en vue de les «brader». Pour lutter contre le chômage, elle propose en guise d'alternative, l'arrêt définitif des privatisations et l'ouverture de nouveaux postes budgétaires dans la Fonction publique. En somme, c'est un tableau noir qu'a dressé la secrétaire générale du Parti des travailleurs au sujet de la situation socioéconomique du pays. L'éducation, la santé, en plus du traditionnel dossier des privatisations, ont eu leur part des «tirs» de la SG du PT. La privatisation de Agenor, PCA et de la BDL est une forme d'«aplatissement aux étrangers», a-t-elle estimé. Et de renchérir, «certains ministres fascinés par les étrangers, méprisent tout ce qui est algérien». Foncièrement convaincue du complot impérialiste étranger concocté contre l'Algérie, le système de concessions adopté par le gouvernement dans l'objectif avoué de booster l'investissement et consistant à céder les terres de l'Etat à des étrangers pour une durée de 99 ans, renouvelable, est «grave et dangereux», a-t-elle prévenu. Dans la même logique, la SG du PT soutiendra que «les crédits de consommation lancés, notamment par les banques étrangères visent à déposséder les Algériens de leurs biens. Un procédé qui s'inscrit lui, dans le vaste cadre de l'expansion impérialiste, soutenu par l'OMC.» Soulignons que Louisa Hanoune a incité les militantes de sa formation politique à «soutenir l'unité de la Centrale syndicale». Cela, arguera-t-elle, aux fins de «préserver l'intégrité de l'Etat algérien». La conférencière ne voit pas de contradiction entre cet appel de soutien et le fait que l'Ugta ait cautionné des politiques que le PT critique sans ménagement. «Le renforcement de la Centrale syndicale, se fera indépendamment de sa direction actuelle», défendra Hanoune. Une manière, pour elle de dire: «Nous soutenons le syndicat et non pas Sidi Saïd.» Il faut préciser sur ce point précis, que le PT est assez implanté au sein des structures de la Centrale syndicale. Plusieurs fédérations sont dirigées par les cadres de cette formation politique. Un fait qui explique ce «soutien», disons naturel. La première dame du PT s'est montrée très réservée au sujet des syndicats autonomes. «Nous n'avons rien contre ces organisations», dira-t-elle en conclusion.