Des sanctions pénales s'imposent, histoire de donner le bon exemple en séparant le bon grain de l'ivraie. Il était temps. Une première dans les annales du football national. La Justice sera enfin saisie. Le taureau sera pris par les cornes. Le président de la Ligue nationale de football est catégorique. Fini l'obligation de réserve. L'affaire OM Ruisseau - MC Oran sera portée devant les tribunaux. «Quelles que soient les conclusions de la commission de l'éthique de la Fédération algérienne de football (FAF) qui auditionnera mardi (aujourd'hui) le président de l'OMR, l'affaire sera tranchée par la justice», a souligné Ali Malek. Les affaires de corruption sont devenues monnaie courante en Algérie. Les accusations se succèdent au rythme des journées de championnat. Le président de l'OM Ruisseau, Malik Attia, vient d'ajouter de l'huile sur le feu en accusant le président du MC Oran, Youcef Djebbari, d'avoir voulu soudoyer ses joueurs. «Des joueurs sont venus nous voir pour dénoncer les appels téléphoniques de certains dirigeants du MCO», a affirmé M.Attia. Tandis que le manager de l'équipe, Abdenour Souilah, dans une déclaration à la presse spécialisée, soutient: «Djebbari m'a contacté la veille du match OMR-MCO (...). Djebbari n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour me demander de lui arranger le match en me chargeant de toucher quelques joueurs de l'OMR. Il m'a proposé 400 millions de centimes. (...) Je suis allé directement chez Attia pour le prévenir. Nous avons alors convenu tous les deux de le piéger. Je suis retourné chez Djebbari et j'ai fait comme si de rien n'était. J'ai appelé quatre joueurs et je leur ai passé le président du MCO. Au moment où il leur parlait, Malik Attia et Biskri écoutaient tout ce qu'il disait et ont même pris le soin de l'enregistrer. Une partie de l'enregistrement existe.» Sur la base de ces déclarations, la LNF a décidé de saisir la Justice pour faire la lumière sur cette affaire, et mettre un terme à cette cacophonie d'accusations, au point que le football national occupe davantage la rubrique des faits divers que sportive. Reconnaissant les moyens limités de la FAF, Ali Malek a affirmé que «la justice (...) condamnera soit l'OMR, si ses accusations ne sont pas prouvées, soit le MCO si les accusations portées à son encontre sont établies». Certes, Attia sera auditionné aujourd'hui par la commission de l'éthique de la Fédération sur cette affaire. Mais il n'en demeure pas moins que des sanctions pénales s'imposent, histoire au moins, de donner le bon exemple et séparer le bon grain de l'ivraie, pour le plus grand bien du football, en particulier, et du sport en général. Les exemples de par le monde ne manquent pas. Au vu de la saisine de la justice, il est à espérer que cette affaire aura des suites. Ainsi, tout porte à croire qu'on s'achemine vers la fin des intouchables et que cela a tout lieu d'être une opération «mains propres» -lancée depuis longtemps par les pouvoirs publics- élargie à tous les niveaux de la société. Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, avait précisé dans une récente déclaration que «l'opération "mains propres" menée par l'Etat n'est pas une campagne, mais le début de la réhabilitation de l'Etat de droit». En saisissant la justice, la LNF se veut déterminée à combattre, de front, le phénomène de la corruption et à donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Gageons également que ce ne sera pas de la simple poudre aux yeux de l'opinion publique et sportive. Il ne faudrait pas que cette opération soit assimilée à un simple feu de paille. Il est vrai qu'il serait présomptueux de croire que l'opération «mains propres» va éradiquer, comme d'un coup de baguette magique, le phénomène de la corruption, notamment dans le monde du sport où les mercantilistes font la loi. Aussi, il ne faut pas rechigner à faire le grand ménage. Il y va de l'image du pays. Il faut aller jusqu'au bout de ses idées et...de ses principes. Si l'opération arrive à terme avec l'élimination de responsables véreux, ce serait une belle victoire pour le sport et l'esprit olympique. En outre, gageons que ces actions ne seront pas des faits conjoncturels sans conséquences notables sur l'éradication des passe-droits gangrenant le sport national. L'Etat de droit, c'est d'abord un état d'esprit que ne peut justifier la règle d'exception ou du deux poids, deux mesures. Nul ne doit être au-dessus de la loi. Il ne peut y avoir de développement, ni de démocratie, ni de crédibilité de l'Etat sans l'application stricte de la loi. Dans un Etat qui se veut de droit, la violence et la loi de la force ne peuvent se substituer à la force de la loi.