C'est la première fois qu'une grève est suivie conjointement par une vingtaine de syndicats. Les travailleurs de la Fonction publique ont débrayé hier. Le mouvement de protestation, mené conjointement par les deux «blocs» syndicaux -l'Intersyndicale et la Coordination de la Fonction publique- se poursuit aujourd'hui et demain. Les syndicalistes se félicitent. «La grève a été largement suivie, sur l'ensemble du territoire national», estime Rachid Malaoui, président du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) qui s'exprimait, hier, au nom de l'Intersyndicale de la Fonction publique, lors d'un point de presse animé à Alger. «Historique. C'est pour la première fois qu'une grève est suivie conjointement par vingt syndicats», estime M.Malaoui. Tout en soulignant que cet acte se veut un signe de maturité syndicale, le conférencier a dénoncé les intimidations proférées par les pouvoirs publics envers les syndicats grévistes. «Tous les ministères concernés par le mouvement de débrayage se sont réunis pour bloquer notre mouvement», souligne Rachid Malaoui qui déplore le fait que ces mêmes secteurs ne se soient pas concertés pour revoir la situation des travailleurs. «Les augmentations des salaires annoncées tambour battant par le gouvernement et l'Ugta, ne suffisent plus devant la catastrophique régression du pouvoir d'achat des Algériens», précise le conférencier. «Ce mouvement d'envergure ne pourra, en aucun cas, être arrêté par les successives intimidations des pouvoirs publics, du fait que la grève est un droit confirmé par la Constitution. Nul ne peut nous en priver», crie Ali Lamadani, chargé de l'information au Cnapest, à qui veut l'entendre. Le chargé de l'information au Cnapest ne va pas sans préciser que devant les revendications des travailleurs de la Fonction publique «le gouvernement continue à faire la sourde oreille, s'entêtant ainsi dans les positions adoptées depuis l'Indépendance du pays». Et de dénoncer: «Plusieurs ministères se permettent de se prononcer sur l'illégalité de la grève, alors que cette tâche incombe à la justice.» Plus tranchant, il juge: «Il y a confusion de rôles.» Ne se contentant pas de cette charge, il ajoute en enfonçant le clou davantage: «J'invite le gouvernement à une confrontation télévisée. C'est ça le dialogue en toute transparence. Qu'il ose et vienne se présenter devant tout le peuple algérien. Qu'il ose expliquer que la nouvelle grille des salaires répond aisément au pouvoir d'achat des travailleurs!». Tandis que le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Salim Sadali, estime «maintenant, que les travailleurs ont fait preuve de citoyenneté, il est du devoir des pouvoirs publics de faire preuve de bonne gouvernance en ouvrant les portes du dialogue au lieu de recourir à des mesures effrontées, dans le dessein de dissuader les travailleurs de revenir sur leur décision, à savoir celle de recourir au débrayage». A souligner que ce mouvement de grève sera sanctionné par un sit-in devant le Palais du gouvernement.