La tension, qui demeure très tendue dans la région, pourrait dégénérer à l'occasion des marches. Au cinquième jour de la grève de la faim, ultime recours des 145 détenus du mouvement citoyen de Béjaïa, pour faire valoir leurs droits, rien ne pointe à l'horizon à même de leur permettre un espoir ainsi qu'à leurs familles et à toutes les populations de la région gagnées par une angoisse grandissante, si ce n'est ces visites que le collectif d'avocats de la défense ont entreprises depuis le mardi, premier jour de l'action. «La santé des délégués s'est nettement détériorée», a déclaré, hier, un membre du collectif à l'issue de la visite rendue aux grévistes. Un état de santé suivi de près par le médecin de la maison d'arrêt de Béjaïa. Du coup, l'espoir de voir les pouvoirs publics réagir s'amenuise au sein d'une opinion qui ne sait plus à quel saint se vouer. Le mouvement citoyen, conscient de la gravité de la situation, a, cependant, maintenu le mot d'ordre de grève de la faim à la veille d'une échéance électorale, en apportant sa totale solidarité et son soutien indéfectible aux grévistes à l'instar de toutes les corporations sociales. Si aucune solution n'est apportée dans l'immédiat, la campagne électorale risque de se voir reléguer au second plan en matière de médiatisation. En effet, les médias ne se priveront pas de surmédiatiser cette action qui déclenchera un forcing des ONG sur le pouvoir algérien. Un scénario dont le pouvoir ne voudra sans doute pas, car il se trouvera dans une situation fort délicate qui l'obligera à réagir. De leurs côtés, les partis politiques ont déjà saisi l'affaire au vol pour se refaire une virginité, pour les plus ancrés d'entre eux dans la région, et mener leur campagne dans le cadre du front antivote. Une aubaine en somme toute prête pour «descendre» le pouvoir en place et faire «avorter le prochain scrutin». La grève de la faim des détenus de Béjaïa auxquels devaient se joindre, depuis hier ceux de Tizi Ouzou et Bouira, est comme «une épine dans le pied» du pouvoir qui ne sera pas facile à gérer dans une conjoncture marquée par des attaques tous azimuts. Des mesures d'apaisement ne pourraient qu'être salutaires en permettant d'épargner la vie de grévistes et partant une baisse de tension dans la région. C'est du moins le souhait le plus partagé ici à Béjaïa. Mais on reste toute fois très amère à l'idée de voir la situation s'acheminer vers les scénarios précédents. Dans l'ensemble on se refuse, pour l'instant, à trop évoquer cette éventualité. Pour l'heure, on est au stade de l'attente mêlée à une inquiétude qui va crescendo. La tension qui demeure très tendue dans la région pourrait, cependant, dégénérer à l'occasion des marches synchronisées que le mouvement citoyen a programmées pour la journée du 1er mai.