« L'algérianité », une notion à laquelle l'artiste attache une importance particulière... L'ambassadeur de l'une des plus belles musiques traditionnelles que recèle notre pays, chantre du peuple touareg, Athmane Baly a animé, lundi après-midi, une conférence de presse à la salle El-Mouggar sur initiative de l'ONCI. Ayant participé récemment au 1er festival de musique de Tamanrasset qui a eu lieu, rappelons-le du 15 au 17 avril (organisé par Backstage-Production), Baly aura trouvé, lors de la conférence de presse, l'occasion de rectifier le tir de ses précédents dires à propos de ce festival qu'il avait qualifié de fiasco. Revenant à de meilleurs sentiments, Baly, après mûre réflexion vraisemblablement, dira que «pour une première, c'est une réussite. Un festival indépendant, ça ne peut être qu'une réussite. C'est vrai qu'il y a eu quelques problèmes, mais les organisateurs ont su et pu à la dernière minute les contrecarrer et prendre en main les choses». «Ce qui est important, renchérit-il, c'est ce qui a été fait et non pas ce que j'ai dit. Hamidou, c'est Mami qui l'a écarté et non pas les organisateurs». A propos de l'absence de ses produits sur le marché national, M.Baly déclare être «écoeuré d'importer notre culture. On n'a pas de marché national... Oriental si». Faisant la promesse d'éditer prochainement ses CD en Algérie, Baly indique qu' «il est temps d'apprendre aux Occidentaux que notre culture, notre musique sont les nôtres. On ne peut que les exporter». Son désir le plus cher est, donc, de voir son produit commercialisé dans son pays et non piraté, bien sûr. «Je souhaite ne plus importer ma musique dans mon propre pays, mais l'exporter à l'étranger. Il faut qu'elle soit disponible sur le marché algérien», insiste-t-il. La musique targuie est écoutée partout dans le monde, en Europe comme aux Etats-Unis. Il serait, en effet, dommage et même carrément absurde qu'elle ne le soit pas aussi chez nous, notre terre-mère, qui l'a enfantée. En tant que porte-parole de la musique targuie dans le monde et soucieux de la préserver, Baly se veut être son émissaire. Conscient de cette lourde responsabilité qui lui incombe, l'artiste fait remarquer que son premier rôle est de promouvoir le tourisme en Algérie. «Il est primordial que l'Algérien connaisse l'Algérie. Le Sud, c'est le paradis par rapport à la capitale», estime-t-il. Son autre préoccupation est la sauvegarde du patrimoine car, indique-t-il, à juste titre, «au Sud, il n'y a aucune distraction mis à part les fêtes religieuses et autres festivités annuelles, c'est pourquoi organiser un pareil festival c'est permettre aux gens du Nord, de monter vers le Sud pour voir les artistes d'abord et, via les artistes découvrir un paradis et pourquoi pas en devenir fans...». S'agissant de la musique qu'il interprète, Baly indique qu'il préfère «le Touareg contemporain», à la musique traditionnelle, appelée communément le «tindi», chasse gardée probablement de sa mère, chanteuse-poétesse, gardienne des secrets de ce patrimoine, ô combien séculaire. Pour faire connaître la musique targuie au plus grand nombre de gens, Baly a dû pénétrer l'univers des femmes, seules habilités à jouer de l'Imzad. Baly en joue également. Ce qui lui a valu beaucoup d'hostilité au départ. «Les gens de la région l'acceptent aujourd'hui». Abordant l'aspect identitaire dans ses chansons, l'artiste insiste sur l'importance de découvrir notre musique avant d'aller chercher ailleurs, «on nous a bourré le crâne avec la musique américaine, mais on a oublié que celle-ci est née de la musique africaine. Nous n'avons rien à envier aux autres», dit-il. «D'ailleurs, fait-il remarquer, ils puisent tout de nous» et de souligner «Si vous perdez votre identité nationale et votre culture vous n'êtes plus rien». C'est ainsi que Baly exhorte les jeunes Algériens à mieux se connaître. Posons-nous la question: Qui sommes-nous? Dure question qu'il assène comme une sonnette d'alarme qu'il tire à l'endroit de cette jeunesse l'incitant ainsi à revoir ses us et coutumes. «L'algérianité», une notion forte en valeurs humaines et ancestrales à laquelle l'artiste attache une grande importance. Côté projets, outre la sortie de son cinquième album, Baly compte entamer une tournée européenne à partir du 23 mai qui le conduira à Amsterdam, Bruxelles et Paris, puis le 13 juillet en Angleterre et peut-être en Suisse. L'artiste sera, ensuite, de retour parmi nous afin de participer au festival de musique de Janet qui aura lieu selon le prince du raï Mami, dans trois mois.