Les mots «bataille» et «intégriste» ont été fortement dosés dans son discours. Pas étonnant ! «Le RND a gagné la bataille des idées, il lui reste à gagner celle des hommes», lance le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, lors de la conférence de presse organisée, hier, au siège de son parti à Alger. Résumé expéditif des thèses reconduites du parti (faire barrage aux islamistes) et de la polémique intraorganique entourant l'élaboration des listes des candidats pour les élections du 30 mai. Le même argumentaire est défendu par Ouyahia, plus belliqueux que jamais: «Contrairement au camp des républicains, celui des intégristes est uni. Ces derniers sont même prêts à réveiller les morts pour qu'ils votent pour eux.» Attaquant de front le mouvement Ennahda, le SG du RND déclare: «Ce parti a mis sur ses listes un ex-président d'APW du FIS, des criminels, des terroristes...Nous n'acceptons pas que soient piétinées les tombes des gens (victimes du terrorisme, ndlr).» Il va même jusqu'à traiter Ahmed Taleb Ibrahimi d'«ayatollah» en s'étonnant qu'un confrère lui ait donné quatre pages pour un entretien... L'occasion pour Ouyahia d'alerter, à sa manière, des dangers de l'abstentionnisme qui devra, selon son analyse, favoriser un raz de marée des islamistes à la prochaine Assemblée. Justement, il n'y a, semble-t-il, qu'un entre l'abstention et le boycott des élections qui se profilent en Kabylie: «Il y a une double prise d'otage: la Kabylie ne votera pas et si on ne vote pas là-bas, ça sera la catastrophe.» Mais Ouyahia semble sur ce dossier confiant: «Aujourd'hui, même, les chances que les gens voteront en Kabylie sont très significatives et le seront davantage le 30 mai», assure-t-il avant d'enchaîner: «Maintenant si la Kabylie ne vote pas, si les résultats, par exemple à Saïda ou à El-Tarf ne sont pas avalisés, est-ce pour autant que nous n'aurons pas une APN?». Concernant la polémique interne autour de la confection des listes, Ouyahia, jouant les pères cléments face à des enfants grincheux indique: «Je comprends la colère des personnes, mais il y a des lignes rouges à ne pas dépasser, d'ailleurs je vous informe que le dossier de M.Nouasri sera examiné par la commission disciplinaire du parti.» Et d'ajouter: «La lutte politique ne se termine pas avec la fin d'un mandat», en donnant le chiffre de 45% des députés présentés à la candidature. Quant aux personnels politiques et autres, qui ont appelé au départ de Bouteflika, Ouyahia fait le parallèle avec l'hibernation des ours polaires en attaquant: «Chez nous, ces hibernations durent une année...le syndicat des ex-candidats (à l'élection présidentielle de 1999) était ailleurs pendant deux ans...C'est peut-être une crise existentielle.»