Le président américain a quitté hier le monde arabe sans avoir fait avancer d'un iota le dossier palestino-israélien toujours en stand-by. Le président américain George W.Bush a quitté hier le Moyen-Orient en laissant derrière lui une bonne part de scepticisme ou de ressentiment, et sans signe apparent que son effort pour un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens avait avancé. M.Bush risquait ainsi de laisser une impression de déjà-vu. Quatre mois plus tôt, il était revenu de la région sans avancée majeure et sans être parvenu, comme cette fois encore, à convaincre l'Arabie Saoudite d'intervenir pour que l'Opep augmente sa production de pétrole et soulage l'économie américaine. ´´Je crois fermement qu'en assumant ses responsabilités et en faisant preuve de courage, nous pouvons parvenir à cet accord de paix cette année´´, a déclaré M.Bush dans un discours à Charm el-Cheikh (Egypte) devant des responsables politiques et économiques réunis par un forum économique régional. ´´C'est une tâche exigeante, qui réclame que toutes les parties agissent. Les Palestiniens doivent combattre le terrorisme et continuer à construire les institutions d'une société libre et pacifique. Israël doit faire de durs sacrifices pour la paix et alléger les restrictions imposées aux Palestiniens´´, a-t-il dit. Mais, malgré de nouvelles discussions avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert la semaine passée à Jérusalem, et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas samedi, un haut conseiller de M. Bush a admis qu'au moment de rentrer à Washington, le président américain n'avait pas de progrès concrets à annoncer sur la voie d'un accord qu'il veut voir conclu avant la fin de son mandat en janvier 2009 et qui mènerait à terme à la création d'un Etat palestinien. ´´Nous avons dit clairement que nous voyons du progrès mais que nous n'en sommes pas au point où le président aura une rencontre avec le président Abbas et le Premier ministre Olmert pour rendre publique une vision´´, a déclaré Stephen Hadley à la presse. Il a décrit M. Bush comme ´´optimiste´´ et a laissé la porte ouverte à une nouvelle visite du président dans la région, qui serait sa troisième en un an. M.Hadley a fait état de ´´progrès tangibles´´ sur des questions au coeur du conflit israélo-palestinien (les frontières, les réfugiés, Jérusalem etc.). Mais il a fait valoir qu'il valait mieux les garder secrets, risquant ainsi de conforter un pessimisme grandissant. M.Bush laissait aussi derrière lui une bonne part de rancoeur. ´´Le discours de Bush devant la Knesset nous a mis en colère´´, a dit M.Abbas à l'issue d'entretiens avec le président égyptien Hosni Moubarak, selon l'agence officielle égyptienne Mena. Dans ce discours devant le Parlement israélien jeudi, M.Bush n'a évoqué l'existence d'un Etat palestinien qu'à un horizon très lointain. Il avait déjà suscité une vive réprobation en participant aux célébrations du 60e anniversaire de l'Etat d'Israël sans se rendre dans les Territoires palestiniens, où cette date était commémorée comme la ´´catastrophe´´. L'allié saoudien a aussi battu froid à M.Bush pour son discours à la Knesset. Et le président égyptien, un autre allié, a prévenu que les Arabes n'apporteraient pas leur soutien à un accord ne satisfaisant pas les revendications des Palestiniens. Aussi bien les Palestiniens que les Arabes ont fait savoir que, pour eux, M.Bush devait faire plus et amener les Israéliens à plus de concessions. Ils redoutent que M.Bush se contente d'un accord a minima pour ne pas lier les mains des Israéliens et revendiquer un succès diplomatique avant la fin de son mandat. Dans son discours, M.Bush a inscrit la résolution du conflit israélo-palestinien dans un combat idéologique dont le Moyen-Orient serait le théâtre et qui opposerait les forces modérées aux forces extrémistes, au premier rang desquelles l'Iran. Il a appelé le Proche-Orient tout entier à isoler l'Iran et la Syrie, à empêcher la République islamique de se doter de l'arme nucléaire et à rejeter les organisations radicales du Hamas palestinien, du Hezbollah libanais et d'Al Qaîda en Irak et en Afghanistan. Dans le même esprit, il a exhorté toute la région à renoncer à réprimer les libertés et à libérer tous les prisonniers politiques.