Il ne peut souffrir l'idée de devenir un marchepied. De source bien informée, on apprend que le groupe qui compose encore l'ex-FIS «ne soutiendra aucun autre parti de la mouvance islamiste», et que le semblant de «deal» qui paraissait l'unir à des partis tel Ennahda de Lahbib Adami «a définitivement été rompu». Les différentes réunions, qui ont été tenues par les dirigeants «encore opérationnels» de l'ex-FIS, ont permis, dans un premier temps, d'aplanir les divergences de fond qui les déchiraient, puis d'assouplir leurs positions, vis-à-vis des autres tendances islamistes légales et enfin, de réfléchir à la manière dont ils pourraient user pour réintégrer le champ politique... sur la pointe des pieds. Adami, qui a joué la carte FIS à fond, en soutenant au sein de la ligue de l'appel à la nation, et au sein de son parti, la réhabilitation du parti dissous, a donné l'impression de bénéficier, pendant un certain temps, du soutien de celui-ci. Mais il s'avère aujourd'hui que le deal a été rompu, non pas parce que Adami a fait marche arrière à un mois des législatives, craignant une action en justice à l'encontre de ses listes électorales, mais parce que les dirigeants de l'ex-FIS ont dit à leurs hommes de se retirer. Les rares candidats existant dans l'une ou l'autre des listes des trois tendances islamistes du moment, le MSP, le MRN et Ennahda, n'ont pratiquement plus de liens organiques avec l'ex-FIS depuis fort longtemps. N'ayant aucun démêlé avec la justice, ils peuvent, de fait, avec les mêmes droits et devoirs de tout citoyen algérien, se présenter candidat dans n'importe quel parti politique ou en indépendants. Ce retrait de l'ex-FIS de toute alliance peut être interprété comme une volonté de ne pas se compromettre avec les autres partis islamistes, comme il peut être interprété comme une stratégie de «soutien à distance», c'est-à-dire en influant sur l'électorat dans un choix précis. Mais l'interprétation la plus plausible serait qu'il n'y ait pas un «minimum consensuel» pour permettre l'alliance possible. L'ex-FIS ayant toujours privilégié une hégémonie de fait sur les autres partis islamistes ne peut souffrir l'idée de devenir un marche-pied et de permettre aux autres de gravir les marches de l'hémicycle de l'Assemblée. Autre explication valable: c'est que l'ex-FIS «se réserve» pour une éventuelle action politique plus crédible et plus imposante. Comment? Cela reste à savoir. Pour le moment, la direction du parti dit qu'elle entend être «présente sur la scène nationale en empruntant les voies légales», et prendre ses distances vis-à-vis de toute alliance, fusion, soutien ou autre forme de participation déguisée. Ce qui est certain, c'est que les repentis ne soutiendront aucun parti, ni aucun candidat. Les directives ont été claires, en ce sens de la part des leaders, tant à l'Est, au Centre qu'à l'Ouest, des organisations trévistes auto-dissoutes au lendemain du 13 janvier 2000. Autre certitude, aucune personnalité «fissiste» ne sera candidate aux législatives du 30 mai. La plupart restent à ce jour sujettes à des astreintes judiciaires ou administratives, il ne leur est pas loisible de se présenter aux élections dans l'état actuel de leurs droits civiques. Le «patchwork» FIS, phobie des autres partis. Dix ans après celles annulées de janvier 1992, les législatives de mai 2002 attisent déjà toutes les passions et alimentent les polémiques les plus passionnées. L'épouvantail FIS recréé? Il faut peut-être le croire...