Il s'est toujours mis dans des situations difficiles. Originaire de l'Est algérien, où son courant est le mieux implanté, Lahbib Adami a toujours tenté d'incarner la modération islamiste. Un juste milieu, entre l'entrisme du MSP et les limites de «l'oppositionnel» de son ancien compagnon du courant islamiste contestataire, Saâd Abdallah Djaballah. Il doit son accession sur le devant de la scène politique à un putsch. Djaballah, qui avait fondé le Mouvement Ennahda, en a été la victime. Fort des députés qui l'ont soutenu, Adami enlève l'essentiel des pouvoirs à Djaballah lors d'un congrès de «mise en conformité» avec la nouvelle loi sur les partis politiques, légiférée au temps du Président Liamine Zeroual. La ligne oppositionnelle de Djaballah - qui avait refusé de faire partie de la coalition gouvernementale et boycotté la présidentielle de 1995 - est abandonnée et le groupe Adami a su se placer dans l'antichambre du pouvoir pour bénéficier de portefeuilles ministériels. «L'éternel dauphin de Djaballah s'est transformé en requin», relèvent ses contradicteurs dans la mouvance islamiste. Adami a rejoint en 1998 la liste des chefs de partis politiques en Algérie. Il dirigera alors en solo le parti, croyant que la chute de son rival, Djaballah, est définitive. Lahbib Adami ne savait pas qu'il aura à faire face à une concurrence cruelle entre les partis islamistes. L'élection présidentielle en 1999 se présentait comme un bouée de sauvetage pour son parti qui s'est essoufflé à cause de sa place minime au sein de la coalition et la perte de crédibilité dans les milieux islamistes, due essentiellement à la résistance du MSP et surtout au retour de son rival Djaballah sous le parapluie d'El-Islah. Ce dernier a provoqué une véritable hémorragie au sein d'Ennahda. Lors de l'annonce des élections législatives 2002, tout semblait perdu pour Adami. Ce dernier ne manquant pas d'idées, décide de piocher dans les rangs des militants de l'ex-parti dissous. Adami a su faire parler de lui jusqu'au jour où il a reçu deux coups durs. Le premier est venu des dirigeants de l'ex-FIS, qui ont retiré leurs candidats accusant Adami de vouloir les utiliser comme appât. Le second a été porté par Zerhouni. Ce dernier a mis à exécution ses menaces de rayer toutes les candidatures de repentis. Politiquement atteint, il n'a même pas pu mettre ses menaces de retrait des législatives à exécution. La forte mobilisation de Djaballah et la parfaite organisation du MSP risquent de réduire le Mouvement Ennahda à une coquille vide. D'autant plus que même les dossiers qu'il avait essayé de développer dans son discours électoral, ont tous été épuisés par ses adversaire politiques présents dans les 48 wilayas.