Des instructions ont été données en vue de voter utile, c'est-à-dire anti-islamiste. La direction nationale de l'Ugta a décidé de s'impliquer un peu plus dans le processus électoral en instruisant ses diverses instances de voter et de faire campagne en faveur du RND et du FLN afin de barrer la route à l'intégrisme islamiste. Il semble, en effet, que les événements prennent une tournure à laquelle ne s'attendait guère la Centrale Ugta. Même si l'ampleur du péril islamiste n'est pas encore parfaitement visible pour tous, la Centrale UGTA semble avoir pris au sérieux cette mise en garde. De source proche de son secrétariat national, en effet, on apprend que de fermes, mais discrètes instructions, auraient été données aux adhérents de l'Ugta afin de voter utile, c'est-à-dire de faire barrage aux islamistes en optant pour les partis démocratiques, d'une part, et les listes regroupant le plus de syndicalistes, d'autre part. Cette instruction, nous dit-on, a fait grincer pas mal de dents. La principale raison en est que, sur le plan organique, un certain relâchement a été observé depuis quelques années. Un relâchement qui a fait qu'en totale contradiction avec les statuts de la Centrale, de même qu'avec ses engagements républicains, d'anciens leaders de l'ex-SIT (Syndicat des travailleurs de l'ex-FIS) se sont retrouvés dans divers postes de responsabilité au sein des instances horizontales et verticales de l'Ugta. Cela sans parler des autres islamistes, dits «soft», issus des rangs du MSP, d'Ennahda et du MRN. Ces quelques cas isolés, nous dit-on encore, ne remettent nullement en cause le caractère républicain et démocratique de la Centrale, mais justifient même que certains postes-clés à son sommet aient changé de main à la suite de son dixième congrès. Cette échéance électorale, qui interviendra un mois après la fête des travailleurs, sera une occasion pour l'Ugta de faire une nouvelle démonstration de force et de réaffirmer, nous dit une source proche de sa direction nationale, ses inaliénables engagements républicains, démocratiques et anti-intégristes. La fête, apprend-on de même source, sera célébrée à Annaba, en compagnie des travailleurs de Sider et d'Asmidal. L'aspect politique lié à cette commémoration, nous dit-on de même source, sera incontournable. La Centrale soutiendra, de diverses manières, le FLN et le RND. Cette commémoration, pour la première fois de l'histoire de l'Ugta, regroupera également les organisations patronales. Une manière de faire front, d'une part, contre la politique actuelle qui menace le tissu industriel algérien, et d'autre part, de réaffirmer avec force l'incontournable et l'inaliénable caractère républicain et démocratique de l'Algérie. Avant de réviser discrètement son attitude, on s'en souvient, l'Ugta avait estimé que ces législatives, intervenues dans une phase relativement stable de la vie institutionnelle du pays, ne devaient pas induire d'implication directe de la part de la Centrale, afin de préserver sa neutralité vis-à-vis des formations politiques, voire la cohésion de son secrétariat national qui regroupe en son sein, des cadres aussi bien du RND que du FLN. Mais les choses étant ce qu'elles sont, la Centrale, qui n'a jamais failli à son rôle républicain depuis sa création en 56 jusqu'à ce jour, restera fidèle aux rendez-vous que lui donne le peuple. Nos sources, afin d'étayer leurs dires, n'ont pas hésité à rappeler que c'est l'Ugta, avec ses 4 millions d'adhérents, qui se trouvait derrière le mouvement populaire massif qui a sauvé le pays des griffes de l'intégrisme. Même si son leader charismatique, Abdelhak Benhamouda, a été lâchement assassiné, et même si elle a payé le prix fort de cet engagement sans appel, elle n'en restera pas moins fidèle à tous ses martyrs. Nos sources indiquent que, pour le moment, le danger demeure assez ténu, ne nécessitant donc pas d'engagement franc de la part de la Centrale. Mais, au cas où le besoin s'en ferait sentir, qu'à Dieu ne plaise, l'Ugta n'hésitera pas à prendre la tête d'un nouveau front pour sauver la République. A la tête de 400.000 travailleurs, dix fois moins qu'en 91 à cause de la disparition quasi intégrale du secteur public, l'Ugta reste l'organisation la plus forte du pays, apte à organiser de grandes mobilisations sur tous les plans, social, économique et politique.