Si le spectre d'une pénurie de pain est écarté pour le prochain semestre, le doute et la crainte sont légitimes pour les années à venir au vu de la conjoncture économique mondiale. Alors que l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) demande des mesures concrètes pour affronter la faim et la malnutrition, l'Office algérien interprofessionnel des céréales(Oaic) se veut rassurant. Les mesures prônées par la FAO devraient également contribuer à faire face à la flambée des prix des produits alimentaires, la pénurie de ressources en terre et eau, le changement. Cependant, selon l'Oaic, la semoule et la farine seront disponibles sur le marché algérien. Les approvisionnements du marché national en blé ne seraient pas perturbés grâce aux stocks qu'il a constitués. Les stocks en blé constitués par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) «peuvent couvrir les besoins du marché national pour l'année 2008 et au-delà», a souligné hier le directeur général de l'Office, M.Kassem Mohamed. S'exprimant lors d'une conférence de presse, le premier responsable de l'Oaic soutient que «ces stocks sont suffisants pour couvrir toute la demande nationale pour une longue période». Selon le premier responsable de l'Oaic, le prix de la baguette de pain ne connaîtra pas de sitôt la moindre augmentation. Tant mieux pour les petites bourses dont le pouvoir d'achat ne cesse de s'éroder. L'Oaic a pris les devants. Bien mieux, dans un communiqué rendu récemment public, l'Office a précisé qu'il a anticipé sur le marché, «en sécurisant les approvisionnements, dès les prémices de l'amenuisement de l'offre sur le marché mondial et de la flambée des cours des denrées alimentaires sur les marchés internationaux». Cependant, le premier responsable de l'Oaic n'a pas fourni le moindre détail relatif au volume total des stocks disponibles. Le directeur de l'Oaic a simplement indiqué que le volume des achats effectués par l'Office durant 2007 et une partie de 2008 sur les marchés internationaux ont atteint 5,135 millions de tonnes de blé tendre, tandis que les quantités des achats du blé dur ont été de l'ordre de 1,5 million de tonnes. Cette assurance intervient dans un état d'alerte mondial sur la sécurité alimentaire. D'ailleurs, un sommet mondial sur la crise alimentaire, auquel prend part Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture, se tient à partir d'aujourd'hui à Rome en présence d'une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon donnera le coup d'envoi du sommet aujourd'hui aux côtés du président italien, Giorgio Napolitano, et du directeur général de la FAO, Jacques Diouf. Ban Ki-moon devrait dévoiler dans son discours un «plan d'action» contre la crise alimentaire, énonçant des principes d'action pour faire face à l'envolée des prix. Ce plan devrait être discuté au cours de la conférence par les 193 pays membres. La crise alimentaire a touché de plein fouet les pays les plus pauvres de la planète et a provoqué des émeutes en Afrique, dans les Caraïbes et en Asie. Les biocarburants figureront parmi les sujets épineux abordés, tout comme la question des politiques commerciales soupçonnées d'aggraver la crise. De ce fait, l'assurance du premier responsable de l'Oaic est en déphasage avec la réalité. En effet, la consommation nationale est estimée à 60 millions de quintaux. Et la production nationale, selon les spécialistes, ne devraient pas dépasser les 37 millions de quintaux récoltés l'année dernière en raison d'un climat défavorable. De ce fait, l'Oaic, en tant que régulateur du marché national en blé, sera amené à revoir à la hausse ses volumes d'importation. D'ores et déjà, on apprend que l'Etat négocierait un autre contrat d'importation de blé avec les Américains de 600.000 tonnes de blé. D'autant qu'une fluctuation des prix n'est pas à écarter dans les prochains mois sur le marché international du blé. Sachant que le pays est dépendant en matière de céréales de l'étranger, on n'est pas près de sortir du moulin. Et afficher, aujourd'hui, une certaine autosuffisance en la matière, relève de l'utopie. Et ce ne sont pas les mesures du gouvernement consistant en l'achat, par l'Etat, de la production nationale de blé dur et tendre, à des prix proches de ceux pratiqués sur le marché mondial, qui changera la donne. D'ailleurs, le gouvernement a alloué une enveloppe de 55 milliards de DA en 2007 pour stabiliser les prix de la farine et 90 MDA pour subventionner la semoule pour que les meuniers puissent vendre leur produit à des prix accessibles aux larges couches de la population. Pour ce faire, le gouvernement aura du pain sur la planche.