Le MN a pris deux coups en une semaine: Zerhouni en lui rejetant des listes et Boukhamkham en lui retirant des voix. Un deuxième parti de la coalition gouvernementale, après le boycott de l'ANR, gèle sa participation aux législatives alors que le troisième, le MSP retient le souffle des observateurs avec ses hésitations. Ce retrait inattendu profitera à coup sûr au mouvement de Djaballah d'une part et réduit de la crédibilité du prochain Parlement de l'autre. Il ne restera que le FLN et le RND en pleine crise et quelques partis croupions. Le ministre de l'Intérieur a implicitement juré de faire barrage aux islamistes. Le matraquage de M.Ouyahia, qui avait pour but de préparer l'opinion à cet effet, n'a fait qu'enfoncer le parti qui, durant son passage à l'APN et dans la coalition au pouvoir, n'a pu obtenir des portefeuilles stratégiques. Déjà lésé par la fuite de plusieurs de ses cadres qui ont été grossir les rangs de Djaballah, Ennahda semblait en déperdition dès l'annonce de la tenue des élections législatives. Même le choix tactique de mettre des anciens du FIS sur ses listes afin d'attirer des voix n'a pas pu sauver les meubles. Pis encore, le mouvement Ennahda a en fait pris deux coups dans la même semaine. Ceux de Zerhouni et de Boukhamkham, une des figures de l'ex-FIS. Ce dernier a vite compris le jeu du mouvement qui a trouvé judicieux de mettre les repentis candidats en bas de liste, un rôle de rabatteur en somme. Les événements s'enchaînent de plus en plus vite à l'approche du 30 mai. Les choses vont mal, selon plusieurs observateurs. D'une part, l'état de santé d'une des principales formations politiques, le RND, de l'autre l'incertitude, voire le manque de conviction en ce scrutin du MSP, et enfin les actions des partisans du boycott qui sont prêts à faire de leur mieux pour compromettre ce rendez-vous si important pour le pouvoir. En réalité, il ne reste que le FLN et El-Islah qui se partagent l'enjeu électoral. Le RND entre en campagne sans ses structures locales (conseils de wilaya), élément essentiel pour mener le combat électoral. Il est aussi à craindre que les frondeurs réussissent leur putsch contre Ouyahia pour compromettre toutes les chances de ce parti de gagner cette course. Si ce scénario catastrophe se réalise, il y aura beaucoup à dire sur la crédibilité du prochain Parlement. Dans un pays où les institutions sont en quête permanente de crédibilité, il est très difficile de faire de l'opposition à l'extérieur du sérail. Que fera l'opposition si le pouvoir change d'interlocuteur parmi les partis islamistes? Le départ prématuré d'Ennahda, et l'incertitude du MSP donneront la primauté à El-Islah pour être le futur principal interlocuteur islamiste du pouvoir.