Les prix de l'or noir ont établi, vendredi, un nouveau record. 139,12 dollars. Les ministres de l'Energie du G8, les huit pays les plus industrialisés de la planète, se réunissent aujourd'hui pour étudier la question. C'est le branle-bas de combat. A peine le Sommet de la FAO terminé, l'envolée spectaculaire et irrésistible des prix du brut mobilise les pays les plus développés du monde, tous continents confondus. Amérique, Europe, Asie. Ils craignent pour l'avenir de l'économie mondiale. De leurs économies. Les Etats-Unis pointent un doigt accusateur. Le responsable est tout désigné. C'est la faute à l'Opep qui ne veut pas augmenter sa production. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole s'en lave les mains. La réponse est sans détours. «Les marchés sont bien approvisionnés, il n'est pas question donc d'augmenter la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole», avait répliqué, pratiquement en ces termes, le président de l'Opep, M.Chakib Khelil. Les pays exportateurs de pétrole n'ont, de toute façon, pas à faire la fine bouche devant cette manne aussi providentielle qu'exceptionnelle. L'Algérie a engrangé pas moins de 32 milliards de dollars depuis le début de l'année 2008 et, jusqu'à la mi-mai de la même année, grâce à ses exportations en hydrocarbures. Les facteurs qui agissent sur les prix du baril de pétrole sont identifiés par les spécialistes. Il y a d'abord le marché de l'offre et de la demande, puis les facteurs d'ordre géostratégique qui sont dominés actuellement par la crise du nucléaire iranien et les troubles politiques au Nigeria. Ce dernier, sixième exportateur mondial, est régulièrement exposé au sabotage de ses oléoducs par le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger. Dans une lettre ouverte adressée au président George Bush, le Mend accuse directement l'administration américaine de s'immiscer dans le conflit qui oppose le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger, qui revendique une équitable redistribution de la rente pétrolière, au pouvoir central d'Abuja. Dans sa correspondance, le Mend précisait que l'envoi d'un navire de guerre dans la région ne peut nous «intimider». «Les Américains vont bientôt ressentir les répercussions de ces actions dans le Delta du Niger», ont fait savoir les séparatistes nigérians. L'administration Bush accusée de s'impliquer dans ce conflit, ne met-elle pas de l'huile sur le feu? Deux attaques contre deux oléoducs, le 21 avril 2008, appartenant aux compagnies Shell et Chevron, revendiquées par le Mend avaient poussé le prix du baril vers des sommets. Il avait atteint 117,81 dollars. A qui cela profite-t-il? Le ministre a.gérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, actuellement président en exercice de l'Opep n'a pas hésité à pointer du doigt les spéculateurs. Le secrétaire d'Etat américain à l'Energie Samuel Bodman a qualifié le nouveau record que vient d'établir le baril de pétrole de «choc» pour l'économie de son pays. Il a nié l'existence d'une crise mais il a tenu cependant à mettre en garde les pays producteurs. Une chute de la croissance américaine ne leur ferait pas de bien a estimé le secrétaire d'Etat américain à l'énergie. Les Etats Unis et les puissances asiatiques (Chine, Inde, Japon, Corée du Sud) commencent à trembler devant la vigueur des prix de l'or noir. «Nous sommes tous très inquiets du niveau actuel des prix du pétrole», ont affirmé les ministres de l'Energie de ces pays, dans une déclaration commune, qui étaient réunis hier à Aomari, dans le Nord du Japon. Aujourd'hui cela sera au tour de l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Japon et la Russie de plancher sur l'envolée des prix du pétrole. Une réunion qui sera élargie à la Chine, l'Inde et la Corée du Sud. Le baril de l'or noir commence à faire vraiment mal. Les records historiques qu'il ne cesse d'établir livreront-ils quelques secrets.