La déclaration de Joseph Stiglitz remet les pendules à l'heure. La crise pétrolière est liée à la situation de la guerre en Irak. Celle des subprimes, une conséquence de la guerre et de la hausse du baril. La crise alimentaire, via l'essor des biocarburants, résulte de la crise pétrolière, a déclaré M.Stiglitz au quotidien français Libération. Les huit pays les plus riches de la planète appuyés par la Chine, l'Inde et la Corée du Sud ont appelé hier à une hausse de la production mondiale de pétrole. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole, l'Opep, qui fournit, à elle seule 40% de la production de la planète, reste insensible à tous ces appels ainsi qu'aux sollicitations américaines qui se font de plus en plus pressantes. L'économie mondiale est chancelante. Elle risque tout simplement de s'effondrer face à une envolée des prix du pétrole sans précédent. Il a établi un nouveau record en franchissant vendredi la barre des 139 dollars. Il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Les analystes annoncent un prix du baril à 150 dollars d'ici le mois de juillet. C'est le cas de Morgan Stanley qui prévoit ce nouveau record d'ici à peine un mois. Un mouvement de panique s'est emparé des pays consommateurs. Onze pays ont montré de grosses inquiétudes. Ils représentent les deux tiers de la consommation d'énergie de la planète. Réunis hier, à Aomori dans le nord du Japon, les ministres de l'Energie des pays industrialisés du G8 associés à ceux des trois puissances économiques de l'Asie en l'occurrence, la Chine, l'Inde et la Corée du Sud, ont déclaré dans un communiqué commun: «Nous partageons de vives inquiétudes à propos du niveau actuel des prix du pétrole.» Et que proposent-ils? «Un besoin urgent» d'augmentation de la production de pétrole. «Nous soulignons le besoin de maximiser l'investissement dans notre propre production nationale et appelons les autres pays producteurs de pétrole à augmenter l'investissement pour maintenir un bon approvisionnement des marchés en réponse à la demande mondiale croissante», a déclaré le «groupe des 11». Du côté de l'Opep, c'est le «niet» absolu. M.Chakib Khelil, l'actuel président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, l'a répété à maintes reprises: «Les marchés sont bien approvisionnés.» Un constat unanime au sein de tous les pays membres de l'Opep. Aucune voix dissonante. Ce n'est pas le cas au sein des pays industrialisés qui se renvoient la balle. Les pays développés accusent les pays émergents. Ces derniers subventionnent l'essence. Cela préserve le pouvoir d'achat de leurs populations, surtout les plus vulnérables. Cela a pour conséquence, par contre, de soutenir la demande de pétrole et, par ricochet, les prix de celui-ci. La Chine et l'Inde ont fini par le reconnaître au cours des débats qui ont animé cette rencontre. Il serait peut-être bon d'éliminer de manière progressive ces subventions. Les deux puissances asiatiques n'ont pas montré d'empressement pour sa mise en pratique. La Russie, leader de la production mondiale d'énergie, pointe un doigt accusateur en direction des Etats-Unis. Ils sont à l'origine de «la crise financière». Le «syndrome des subprimes» est toujours vivace. Elle n'a pas hésité à le faire savoir par la voix de son président, Dimitri Medvedev, à l'occasion de la tenue du Forum de Saint-Petersbourg. Francis Perrin, directeur de la rédaction de la revue Pétrole et gaz arabes, enfonce le clou. Il qualifie les dirigeants des grandes puissances d'impuissants devant la flambée des prix de l'or noir: «Ils sont tentés de trouver des boucs émissaires», conclut-il. Le secrétaire américain à l'Energie et le «Groupe des 11» accusent le choc. Une affaire à suivre...de près.