De la tradition au confort de la modernité, il n'y a qu'un pas que notre artiste a su franchir avec mesure et harmonie. Architecte designer, scénographe, né en 1962 à Alger, Chafik Gasmi est réputé pour son talent alliant le sens de la précision à la pureté des formes dessinées avec art et subtilité. Architecte Dplg, Chafik Gasmi est aussi designer industriel. Il expose ses oeuvres depuis samedi au Musée national d'art moderne et contemporain et ce, jusqu'au 4 juillet. Chafik Gasmi est un des designers les plus en vue dans le monde. Il est aussi un des concepteurs du Musée national d'art moderne et contemporain où il expose aujourd'hui. Ses créations dans l'industrie internationale du luxe et le mobilier lui ont permis de se positionner comme un créateur incontournable dans «l'univers intérieur» qui, d'ailleurs, est le nom de sa propre Maison d'édition lancée en 1990, vu le succès grandissant de ses meubles. Sa renommée est tel qu'il reçoit plusieurs distinctions au cours de sa carrière. Un des spécimens de son oeuvre, le fauteuil «Ying» est choisi en 1997 par l'hôtel Matignon, où il occupe toujours les lieux de réception du Premier ministre français. Il commence sa carrière en 1987 où il dessine une maison à Alger et un hôtel à Paris dont il conçoit également le mobilier. Devant l'intérêt suscité par ses meubles, il crée, en 1990, sa propre Maison d'édition. En 1992, le Salon du meuble de Paris lui décerne le Grand prix de la critique pour l'ensemble de son oeuvre. Chafik considère cette distinction comme un début prometteur et non comme un aboutissement. Il décide alors de s'investir dans des projets de design industriel, afin de produire du rêve accessible au plus grand nombre. Le vernissage de son exposition a eu lieu en présence de la ministre de la Culture, qui a eu à débattre de ces oeuvres d'une couleur blanchâtre maculée. La lumière, qui s'en dégage, au-delà de sa source de sophistication pourrait être un message de magie, de bien-être et de sérénité, faisant en sorte que l'espace de ce meuble agit sur notre tempérament. L'artiste passe des formes des plus simples aux plus abouties, partant du traditionnel pour arriver aux plus contemporaines, pratiques et épurées. Cette exposition se veut rendre hommage aux créateurs algériens vivant en Algérie comme à l'étranger et de les faire découvrir au mieux les faire connaître du public algérien. Il est aussi un exemple à l'égard des jeunes designers qui en Algérie, s'efforcent difficilement encore de faire reconnaître leur réel potentiel. Avec Chafik Gasmi, ils partagent le souci de se fonder sur les enseignements pratiques du patrimoine qui, sans sa tradition, comporte des éléments probants de modernité affirme Mustapha Orif, le commissaire de l'exposition. Cet appel du patrimoine se structure, en effet, à partir de quatre éléments. La terre, le bois, le cristal et le tissé. L'artiste part, à titre d'exemple, du modèle du qanoun pour réaliser cet étonnant «kanoun cheminée» ou encore ce singulier mariage de tapis et de matelas, des repères de confort moderne inspirés du vécu de la maison traditionnelle. Cette exposition rétrospective-prospective se veut ainsi, selon Chafik Gasmi, montrer des travaux, des oeuvres et interventions qu'il a pu effectuer, non pas figées dans le temps mais qui vivent et sont capables d'extension. «C'est de cette façon que je veux appréhender les choses, garder cette liberté de modification et de réinterprétation. La cohérence d'esprit devrait se traduire dans une cohérence de forme et d'aspect. C'est ce que j'essaie de montrer à travers cette exposition, mettre en balance un projet qui a existé avec un projet en devenir». L'essence même du travail de Chafik, aujourd'hui, réside avant tout dans sa faculté à agir en cohérence avec chacun des éléments «En industrie, je cherche à m'effacer devant la fonction et l'usage, dans l'artisanat, je cherche l'équilibre entre conception et façon. Quant à l'art, quand je dessine, sculpte ou peint, je ne fais aucune concession», dit il.