Les barrages ne pourront plus tenir jusqu'à l'été qui s'annonce chaud et sec. L'Algérie va recourir à l'importation de l'eau pour la capitale. L'été s'annonce chaud et le ciel est encore avare. Le Conseil des ministres vient d'adopter la décision de connecter le port d'Alger à la station de pompage de Tafourah, permettant l'injection dans le réseau d'Alger de 50.000 m3/j des eaux transportées par bateau, à l'échéance de juin 2002. Le retard dans les connexions interbarrages déjà vides ou envasés posent un problème difficile à résoudre ainsi ; le facteur temps semble avoir fausser compagnie aux pouvoirs publics. C'est d'ailleurs ce qui ressort de l'intervention du Président de la République, qui a présidé mardi un Conseil des ministres, et qui a demandé au gouvernement de «mettre en place des procédures idoines pour que le facteur temps soit maîtrisé en compatibilité avec le caractère stratégique désormais lié à la problématique de l'eau en Algérie». La capitale, qui souffre déjà d'un manque conséquent en eau, bénéficie d'un programme spécifique, articulé autour de quatre axes. Il s'agit de renforcer la production d'eau souterraine et celle de la production d'eau superficielle, de connecter le port d'Alger à la station de pompage de Tafourah et d'acquérir des stations de traitement des eaux de sources. Selon un communiqué du Conseil des ministres, le chef de l'Etat a indiqué qu'«il était inconcevable qu'un délai de 25 mois au minimum soit nécessaire pour la mobilisation des financements et le lancement des projets en travaux». Le Président de la République est intervenu après avoir écouté une communication du ministre des Ressources en eau sur le rapport d'étape, relatif à la mise en oeuvre du programme d'urgence dans le domaine de l'eau. Il est à rappeler que le programme d'urgence, adopté en décembre dernier par le Conseil des ministres, d'un montant global de 9,27 milliards de dinars dont 3,07 milliards pour la capitale, a été complété par une enveloppe financière de l'ordre de 20 milliards de dinars allouée au secteur des ressources en eau par la loi des finances complémentaire pour 2002. La mise en oeuvre de ce programme vise d'abord le renforcement de la production d'eau au niveau national et ensuite les travaux de renforcement des réseaux d'adduction et de distribution d'eau dans 27 wilayas. A cet égard, il est rappelé que la problématique de l'eau a fait l'objet de plusieurs réunions du gouvernement depuis 2001, ayant abouti à l'adoption d'un programme d'urgence au Conseil des ministres du 30 décembre 2001. La mise en oeuvre du programme d'urgence vise d'abord le renforcement de la production d'eau au niveau national par l'équipement de forages dans 16 wilayas, la réhabilitation des forages existants dans 9 wilayas et la réalisation de 48.000 mètres linéaires de forages nouveaux dans 29 wilayas. L'achèvement des travaux est prévu pour juillet 2002. La mise en oeuvre du programme d'urgence vise ensuite les travaux de renforcement des réseaux d'adduction et de distribution d'eau dans 27 wilayas pour un linéaire de 289,3 km et l'acquisition de stations de dessalement d'eau de mer, type monobloc, pour laquelle une opération pilote est lancée pour 18 stations dans 5 wilayas (Alger, Skikda, Tlemcen, Boumerdès et Tipaza), l'achèvement des travaux étant prévu pour septembre 2002. La capitale, outre le programme des stations de dessalement de l'eau de mer, bénéficie d'un programme spécifique, articulé autour des axes suivants: le renforcement de la production d'eau souterraine par la réalisation de 42 forages. A ce jour, 12 forages sont mis en service pour un débit global de 37.422 m3/j. Le reste est prévu à l'échéance de juin 2002. Puis, le renforcement de la production d'eau superficielle par l'installation de pompes flottantes permettant l'exploitation des tranches, mortes des barrages, et par l'interconnexion nouvelle du réseau d'AEP d'Alger à trois barrages, qui doit permettre la mobilisation de 150.000 m3/j à l'échéance de septembre 2002. Par ailleurs, l'acquisition de stations de traitement des eaux de sources ; les travaux d'aménagement ont été lancés pour 10 d'entre elles et dont quatre sont achevées. A côté du renforcement de la production d'eau, le programme d'urgence prévoit un volet de gestion de l'économie de l'eau.