La mission du Premier ministre français, qui sera à Alger les 21 et 22 juin, ne sera pas de tout repos. Déterminé à arracher le «oui» d'Alger, Paris maintient la pression sur les autorités algériennes afin que celles-ci acceptent le projet de l'Union pour la Méditerranée. Après avoir dépêché trois ministres à Alger, en l'espace de quelques semaines, l'Elysée charge le Premier ministre, François Fillon, de convaincre les responsables algériens. Ce dernier est attendu les 21 et 22 du mois en cours en Algérie. La mission du Premier ministre français ne sera pas aisée. Il jouera son va-tout pour «séduire» Alger. Notons que malgré les visites effectuées par les différents ministres français en Algérie, Alger n'a toujours pas donné son O.K. Après Mme Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, (à deux reprises), et Jean-Louis Borloo, ministre français de l'Ecologie, de l'Environnement, du Développement durable et de l'Energie, l'Algérie opte toujours pour le «ni-ni». C'est-à-dire «ni pour, ni contre». Mieux encore, elle demande plus «de clarifications». Lors de la 15e session du Forum méditerranéen qui a eu lieu les 5 et 6 juin à Alger, l'Algérie avait posé quelques conditions pour son éventuelle adhésion. Il s'agit, entre autres, de quelques questions d'ordre technique, tels l'organigramme de ce projet et la question de la normalisation des relations avec Israël. En effet, pour les observateurs politiques, il serait insensé pour un pays qui a connu les affres du colonialisme, de s'associer avec Israël qui continue de massacrer le peuple palestinien, d'occuper des territoires qui ne lui reviennent pas, de tuer des enfants et qui refuse de faire la paix avec le monde arabe. Ces réserves -de principe- de l'Algérie, ont donné des sueurs froides à Paris. La France voit en l'Algérie un «élément clé» et un «partenaire majeur» de la rive Sud, pour la concrétisation du projet initié par son président Nicolas Sarkozy. Avec l'arrivée de M.Fillon, Paris joue sa dernière carte à conviction. Il vient au moins pour convaincre le Président Bouteflika à aller participer au Sommet de Paris prévu le 13 juillet prochain. Sur papier, M.Fillon vient pour parapher un accord-cadre de coopération. Il s'agit d'un contrat sur le nucléaire. Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie, avait indiqué lors de la visite de M.Borloo à Alger, que la France et l'Algérie signeraient cet accord de coopération dans le domaine de l'énergie et du nucléaire à l'occasion de la visite de M.Fillon. De son côté, Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, avait annoncé, lors de la visite de M.Kouchner en Algérie, la signature «prochainement» d'un accord de coopération militaire. Cela en plus de celui du nucléaire. Les observateurs estiment que ces accords et ces signatures ne sont que des prétextes pour aborder le véritable sujet de l'UPM, sujet pour lequel les discussions entre le Premier ministre français et ses vis-à-vis algériens s'accentueront. Notamment après le niet opposé à ce projet par le Guide de la révolution libyenne, le colonel El Gueddafi, qui préfère ne pas participer au Sommet de Paris. Devant cette situation, le président français a envoyé une invitation «officielle» au président syrien Bachar al-Assad pour prendre part à la cérémonie du lancement du projet de l'UPM et également à la cérémonie de la fête du 14 Juillet à Paris. Cette information a été interprétée comme un signe de rapprochement entre les deux pays. Rappelons que la France a coupé les liens, sous l'ère de Jacques Chirac, avec le régime de Bachar al-Assad après l'assassinat en 2005 de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri. Cette invitation a suscité déjà une polémique au sein des responsables politiques français d'opposition. Ils ont d'ores et déjà critiqué une éventuelle présence du président syrien aux cérémonies de la fête du 14 Juillet. Or, n'est-ce pas Israël qui massacre encore des enfants qui doit soulever une pareille polémique?