Ce phénomène appauvrit le championnat local privé de toutes ses vedettes. Le gouvernement brésilien souhaite limiter l'exode massif des joueurs de football locaux vers l'étranger, un phénomène récurrent qui touche des adolescents de plus en plus jeunes et qui prive le Brésil de ses joueurs les plus prometteurs. Le ministre brésilien des Sports, Orlando Silva, a indiqué à Agência Brasil que le gouvernement avait envoyé à la Fédération internationale de football (Fifa) une proposition pour modifier la législation en vigueur. La Fifa autorise actuellement le transfert de joueurs de 18 ans et plus vers des clubs étrangers. Entre 12 et 21 ans, les joueurs sont considérés par la Fifa comme étant en formation. ´´Nous avons proposé que les transferts ne soient autorisés que pour les joueurs de 21 ans et plus. Cette proposition a été très bien accueillie par les instances dirigeantes du football, et nous désirons en discuter plus en détail dans les prochains mois. L'idée est que les joueurs puissent rester plus longtemps dans leur pays d'origine´´, a expliqué M.Silva, mercredi à Agência Brasil. L'exil des joueurs de football brésiliens vers l'étranger est un phénomène en constante augmentation qui appauvrit le championnat brésilien, privé de toutes ses vedettes. Selon la Confédération brésilienne de football (CBF), 1.085 Brésiliens ont été transférés dans des clubs étrangers en 2007. Ce chiffre était de 851 en 2006, et de 804 en 2005. Deux cas sont particulièrement symptomatiques: l'attaquant Alexandre Pato, l'un des joueurs les plus prometteurs du pays, a été recruté à prix d'or par l'AC Milan en août 2007, quand il n'avait que 17 ans. Le club italien a dû attendre six mois pour le faire jouer. En janvier 2008, Manchester United a annoncé avoir engagé les jumeaux brésiliens de 17 ans, Fabio et Rafael, formés au club carioca de Fluminense. Les deux latéraux, qui auront 18 ans le 9 juillet prochain, n'ont pu encore porter officiellement leurs nouvelles couleurs. De nombreux joueurs, partis très jeunes du Brésil où ils étaient totalement inconnus, sont considérés comme des stars dans leurs pays d'adoption. Le défenseur central Pepe, acheté l'année dernière par le Real Madrid pour 30 millions d'euros, évoluait depuis ses 18 ans dans le championnat portugais. Il a obtenu la nationalité portugaise et participe actuellement à l'Euro aux côtés de Deco - autre Brésilien naturalisé - dans l'équipe dirigée par le Brésilien Luiz Felipe Scolari. Pour mémoire, Pepe, qui s'appelait alors Kleper Laveran Lima Ferreira, avait été vendu à 18 ans par le Corinthians Alagoano, un obscur club local du nord du Brésil, au club portugais de Maritimo pour la modique somme de 40.000 dollars. Ces exemples de ´´success-story´´ masquent toutefois une réalité bien différente pour la majorité de ces expatriés du football à la recherche de l'Eldorado européen. Les Brésiliens qui ne trouvent pas preneur dans les grands clubs finissent dans des pays comme le Japon, la Corée du Sud, la Finlande ou même l'Indonésie et le Vietnam. Le gardien Fabio dos Santos a été le premier Brésilien à tenter l'aventure au Vietnam, en 2001. Depuis, une trentaine de joueurs ont suivi son exemple. Fabio a même obtenu cette année la nationalité vietnamienne, et pourra donc réaliser son rêve de jouer en sélection.