On spécule beaucoup ces derniers temps, mais on ne fait plus référence à cette option. Le bureau fédéral de la Fédération algérienne de football se réunit aujourd'hui en session ordinaire. En fait, elle ne sera pas aussi ordinaire qu'on voudrait le faire croire. Elle intervient, en effet, au moment où les spéculations vont bon train au sujet d'une réforme du Championnat national. Plutôt de réforme, il faudrait parler de nouvelle formule puisqu'un Champion d'Algérie sera bien désigné à la fin de la compétition. Dans tout le brouhaha qui prévaut en ce moment, il est une éventualité qui a été complètement oubliée. Pourtant, au moment où le championnat de la D1 prenait fin le 26 mai dernier et même avant cette date, il en était beaucoup question et les gens la tenaient comme applicable, dès la saison prochaine, à 90%. Aujourd'hui, on n'en parle presque pas mais cela ne veut pas dire qu'elle a été remisée au placard. Il s'agit de cette fameuse proposition d'un championnat qui se jouerait à blanc, c'est-à-dire sans aucun enjeu sauf celui de désigner le champion d'Algérie. En d'autres termes, il n'y aurait plus de relégation et, bien sûr, d'accession. Un championnat bloqué, en quelque sorte, sur quelques saisons. On disait, alors, que cela permettrait aux clubs de jouer sans aucune pression et de se soucier de la promotion de leurs propres jeunes. On disait, également, que du fait qu'il n'y aurait pas de descentes, cela ferait baisser le niveau de stress des supporters qui auraient moins de raisons à s'adonner à de la violence gratuite. Le fait qu'on n'en parle plus, ou peu, supposerait que l'on a abandonné cette option. Rien n'est moins sûr du fait qu'elle aurait des adeptes, notamment au niveau de certains cercles décisionnels qui tiennent à faire baisser la violence dans et autour des stades en agissant sur la formule du Championnat national de football. Dans d'autres pays, on a déjà testé une telle formule mais c'était beaucoup plus pour permettre aux clubs de se restructurer. Dans ces pays-là, on a évité les compétitions sans enjeu tout en les bloquant, toutefois (pas de rétrogradations) sur au moins une saison sportive. On a ainsi expérimenté des formules de primes au rendement pendant la saison. Par exemple, le club joue normalement mais est récompensé tout au long de la saison de points supplémentaires en fonction des buts qu'il inscrit ou au nombre de jeunes qu'il aligne dans un match. Tous ces points supplémentaires seront additionnés en fin de saison et seront affectés à chacun des clubs au démarrage de la saison suivante. Cela induira une compétition à handicap puisque des clubs prendront le départ du championnat avec plus de points que d'autres. De toutes les manières, il faudra bien trouver une formule qui rejette la notion d'une compétition qui se jouera pour du beurre. Il faut donner du piment au championnat, c'est bien là la règle universelle du sport dans son essence complète. Le danger qui guette cette formule est qu'elle ne portera pas ses fruits, à savoir que les jeunes seront toujours aussi ignorés par les clubs et que la violence sera toujours présente. Au sujet de cette dernière, il est évident qu'on ne saurait attribuer au seul football la responsabilité de ce phénomène. Des émeutes ont eu lieu dans plusieurs localités du pays et elles n'avaient rien à voir avec ce sport. Du reste, les jeunes qui réagissent à une défaite de leur équipe ou à sa relégation le font par exaspération de conditions sociales des plus précaires. Cela a été dit et répété dans tous les séminaires consacrés à la violence dans les stades. On doute que celle-ci baissera de ton dans le cas d'un championnat sans enjeu, puisque les conditions dont nous parlions plus haut sont toujours en cours. L'autre danger pour un échec de cette formule émane des clubs eux-mêmes. Depuis la création du championnat national de football, la FAF, de concert avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, a, plusieurs fois essayé cette idée de championnat à blanc. La dernière date du championnat de 1999-2000 où il n'y avait eu aucune relégation à son issue (à titre d'exemple l'USM Alger avait terminé dernière cette saison-là). Mais c'était pour porter la D1 de 12 à 16 clubs. On avait donc fait accéder 4 clubs en juin 2000. On pensait, d'autre part, que du fait qu'il n'y aurait pas des descentes, les clubs en profiteraient pour promouvoir leurs jeunes. Or, rien de cela ne fut fait et les clubs, toujours aussi gloutons, ne s'étaient pas gênés de ne faire jouer que des joueurs chevronnés. Bien que le MJS ne cesse d'affirmer que l'argent distribué aux clubs doit aller à la formation et à la promotion des jeunes footballeurs, les clubs continuent à agir à leur guise en consacrant leur budget à la prise en charge de supposés vedettes en leur versant des milliards de centimes. Il est facile, après ça, d'en vouloir à la FAF quand le principal bailleur de fonds de ces clubs, c'est-à-dire l'Etat, ne fait rien pour appliquer ses directives. Et lorsqu'on voit comment les clubs sont en train de recruter à tout-va, en ce moment, on se dit qu'il est encore loin le jour où on osera miser, avant tout, sur les jeunes. On ne comprend, d'ailleurs pas, la démarche d'un Hakim Serrar, le président de l'ES Sétif, qui se présente comme l'un des plus ardents défenseurs d'un championnat à blanc mais qui, pourtant, est l'un des présidents les plus actifs et les plus dépensiers sur le marché des transferts. Ce sera, donc, au Bureau fédéral de se prononcer sur le contour qu'il compte donner à la future compétition. C'est lui qui détient les clés du problème selon les dispositions de l'article 99 qui stipule que «l'organisation des différents championnats peut être modifiée par décision du Bureau fédéral, l'Assemblée générale informée.» Ce qui veut dire que l'Assemblée générale n'a aucun pouvoir pour modifier la décision du Bureau fédéral. Et si une nouvelle formule est arrêtée, elle pourra être appliquée dès cette saison, car les règlements généraux ne font aucune référence à une application une saison plus tard. Certains présidents de clubs feraient mieux de lire la réglementation avant de dire des âneries. En somme, le BF tient la solution et aujourd'hui, il pourrait (même si on n'en parle pas dans l'ordre du jour de la réunion) donner un aperçu de ce qu'il compte faire pour la saison qui va démarrer en août prochain.