Une langue étrangère n'est pas un instrument d'assimilation. Il y a une faiblesse généralisée dans la maîtrise des langues en Algérie qui a nécessité une révision urgente du système éducatif. C'est ce qu'a déclaré hier, à Alger, le président de l'Académie de la langue arabe, le Pr Abderrahmane Hadj Salah, lors d'une conférence sur le multilinguisme à l'heure de la mondialisation. Selon le professeur, le dysfonctionnement des langues dans notre pays se situe au niveau du système éducatif qui doit être revu et corrigé afin de combler les brèches qui ne cessent de s'accroître. Le Pr Abderrahmane Hadj Salah a souligné dans ce sens qu'«on ne peut pas apprendre une langue étrangère aux enfants sans l'utiliser dans leur vie de tous les jours», avant d'ajouter que «les Algériens ont besoin d'un bilinguisme fonctionnel». En d'autres termes, c'est apprendre et parler à la fois des langues qui leur servent dans leur travail. Etablir des paramètres et des répartitions dans l'apprentissage et l'enseignement des langues est plus que nécessaire. Pour le Pr Abderrahmane Hadj Salah, la capacité d'apprendre une langue est plus importante durant l'enfance. Dans ce sens, le professeur explique qu'«une politique linguistique doit être établie pour l'apprentissage juste des langues». Aujourd'hui, il y a un retard dans l'apprentissage dans les différents domaines à cause de la non-maîtrise des langues. Pour la langue arabe, le professeur estime qu'elle est loin d'être la cause de ce retard. Selon lui, la langue nationale est nécessaire mais il faut qu'elle soit jointe à d'autres langues étrangères sans qu'on soit assimilé à leurs civilisations. Tout en affirmant qu'il est pour le bilinguisme fonctionnel et non national, le Pr Abderrahmane Hadj Salah met en garde contre l'assimilation des peuples par la pratique des langues étrangères. Il indique à ce sujet que «l'utilisation exclusive des langues étrangères dans les différents domaines induit une assimilation indirecte aux autres civilisations». D'autre part, le Pr Abderrahmane Hadj Salah a souligné que «la force d'une nation se situe dans le niveau linguistique et intellectuel de ses dirigeants». La mondialisation nécessite d'apprendre plus d'une langue et une langue étrangère ne doit pas être un instrument d'assimilation.