L'emblème national est bien là, mais pas là où on l'attendait. Ce samedi, 5 juillet, est une journée presque ordinaire à Kouba. Elle ressemble fort à une matinée de week-end. Nous nous attablons à un café du centre-ville, où règne une atmosphère détendue. A l'intérieur du commerce où nous nous trouvons, aucun signe ostentatoire de nationalisme n'est perceptible. Seul le fanion du RCK (Raid Chabab El Kouba) est fidèle à son emplacement, derrière le comptoir. Il est plus de dix heures trente minutes. Les conversations vont bon train autour de cafés nonchalamment sirotés. Autour des tables, les clients s'entretiennent de politique ou de sport. Aucun mot sur la très actuelle fête de l'Indépendance. L'on préfère à ce thème, des sujets tels le troisième mandat du président de la République et toutes les formes qu'il pourrait prendre. Sinon reconstituer la difficile évolution du RCK au dernier championnat. A l'extérieur, l'avenue Mohamed-Fellah, principale artère de la ville de Kouba, est pavoisée de fanions aux couleurs nationales. Aucun des immeubles adjacents à cette avenue, à l'instar de nombreux autres de la commune, n'est, par contre, drapé de l'emblème national. A l'extérieur, le drapeau national est bien là, mais pas là où on l'attendait. C'est-à-dire aux fenêtres et autres balcons d'habitations privées, comme le laissait présager l'opération «cinq millions de drapeaux pour cinq millions de foyers». Cet été 2008, le drapeau algérien semble être, encore une fois, l'otage de réflexes austères. Presque sectaires. A Kouba, il ne flotte que sur les frontons des organisations nationales et de masse. Notamment l'ONM (Organisation nationale des moudjahidine) ou des enfants de chouhadas. Vers midi, et au fronton de l'ONM, quelques frères d'armes ont eu l'occasion de se rencontrer et de célébrer l'événement et de se recueillir à la mémoire des martyrs locaux de la Révolution. Néanmoins, la liesse de la célébration du jour le plus important de l'histoire de l'Algérie moderne, ne semble pas gagner les rues de Kouba. Sauf quelques badauds, ou des automobilistes qui ralentissent l'allure pour observer, en curieux, le rassemblement des moudjahidine. Une voix féminine fuse du groupe ainsi constitué: «Pourquoi vous ne m'avez pas donné de drapeau?» Au cours de notre balade citadine, nous avons la chance de rencontrer le maire de Kouba. Une dame plein d'entrain et particulièrement active en ce 5 juillet. Selon cette dernière, l'initiative portant slogan «un drapeau pour chaque famille» est, avant tout, le fait de la Radio nationale. Un rappel qui sonne comme une explication au fait que sa ville n'a pas pavoisé. A en croire d'autres personnes de l'entourage de cette responsable, la distribution des drapeaux n'a vraiment concerné qu'une partie de la capitale. Cette lacune, fort préjudiciable à l'aura de l'opération, est néanmoins vite compensée par l'esprit d'entreprise et le dynamisme de la première dame de Kouba, Mme Brahim Bounab Saïda. En effet, cette dernière, dès les premières heures de cette mémorable journée, chapeaute un riche programme d'animation. A destination d'une jeune population, ce dernier a d'abord comporté - dès 9 heures du matin - un tournoi de bodybuilding. Mais également une action de don de sang des scouts (SMA) et enfin une collation au siège de l'ONM à Kouba. Alors que dans l'après-midi, Mme le maire est appelée à inaugurer, à proximité du bâtiment blanc, un immeuble situé au quartier La Croix, une superbe aire de jeu aux standards internationaux. Le programme des festivités devant se poursuivre jusque tard dans la soirée. Il est question de récompenser les équipes sportives d'un tournoi de quartier en guise d'encouragement au sport de proximité. Le stade Belhadad étant le théâtre de cette cérémonie agrémentée d'une fanfare. Cette journée où le drapeau algérien n'a pas volé haut en couleur, est clôturée par une soirée de musique andalouse.