La dégradation effrénée de la situation sécuritaire est la raison pour laquelle les élus se sentent interpellés. Lorsque l'un des élus présents à la session extraordinaire, tenue hier au siège de l'APW de Tizi Ouzou, a revendiqué explicitement le renforcement du corps de la gendarmerie dans la wilaya de Tizi Ouzou, il a été acclamé par la majorité des présents. Bien avant lui, plusieurs autres, notamment des députés et des membres de l'APW ont focalisé leur discours autour du renforcement du dispositif sécuritaire, tous corps confondus. Aucun des intervenants n'est toutefois allé jusqu'à toucher du doigt la vraie demande, à savoir la dotation de plusieurs localités, qui en sont dépourvues, de brigades de gendarmerie. Compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire dans la région, non pas uniquement pour cause de terrorisme mais aussi et surtout du banditisme, une session extraordinaire de l'APW, élargie aux députés et aux élus des APC, a permis aux présents de débattre de cette question. L'absence des concernés, à savoir le wali et les responsables du secteur de la sécurité, ajoutée au boycott des élus du FFS et du RND, a fait que cette rencontre, en dépit de ses côtés positifs, n'a pas permis d'aller au-delà du stade de la constatation. Un élu du FLN a rappelé que «c'est depuis les événement de 2001 que notre wilaya a sombré dans le chaos» et de souligner «il est plus facile de dénigrer que de trouver des solutions». Avant d'ajouter: «Nous revendiquons notre droit constitutionnel à la sécurité car notre wilaya enregistre le plus grand nombre d'attentats terroristes et d'actes de banditisme». Craignant sans doute que cette session ne soit interprétée comme étant un scénario visant à incriminer les forces de sécurité, plusieurs élus ont tenu à remettre les choses à leur place. Un député FLN s'est élevé contre ceux parmi les élus qui ont déploré l'absence de l'Etat: «L'Etat est là. Il est présent. Il y a quelques jours, un garde communal de Sidi Ali Bounab a été assassiné au moment il oeuvrait à assurer la sécurité». Cet orateur a rappelé que la période 2001-2005 est une parenthèse qu'il ne faudrait pas enterrer. «Même si la page est actuellement tournée, il n'en demeure pas moins que nous devrons tous assumer notre part de responsabilité dans tout ce qui s'est passé», a indiqué le député FLN. Plusieurs maires sont intervenus pour déplorer l'absence d'un corps de sécurité dans leurs communes. Certains ont même avancé qu'ils ont saisi le wali par écrit, à l'image du maire d'Ait Oumalou, pour exiger l'affectation d'un corps de sécurité dans sa localité. Le maire de Tigzirt a déploré la fermeture de la R.N 124, reliant Tigzirt à Dellys, en raison de l'insécurité. Cette route longe la forêt la plus dangereuse d'Algérie, le maquis de Mizrana. Le maire trouve anormale cette fermeture car, a-t-il argué, aucune autre route n'est fermée en Algérie même durant la décennie noire. Un autre président d'APC a exprimé le voeu que les services de sécurité, tous corps confondus, travaillent en étroite collaboration avec les APC afin de permettre de rasséréner les citoyens. Il a aussi exprimé le désir qu'il soit mis fin à la situation de non droit prévalant dans la région de Kabylie depuis 2001, en insistant sur un point essentiel, à savoir qu' «on ne peut pas dissocier la Kabylie du reste de l'Algérie». La récurrence de ces problèmes d'insécurité a fait que la région est de plus en plus fuie par les investisseurs. Les entrepreneurs potentiels craignent de s'y installer. Sans compter tous les désagréments que l'insécurité crée dans la vie quotidienne des citoyens. L'un des points essentiels de la résolution finale, adoptée à la fin des travaux de cette session, consiste à demander un redéploiement, le plus large possible, des corps de sécurités, tous corps confondus.