Le Parti des travailleurs affirme que le discours du Président doit être suivi de mesures concrètes. Quel sera le sort de Temmar? Va-t-il quitter ou non le Palais du gouvernement? Ce sont les interrogations des uns et des autres au lendemain du discours du président de la République. Lors de la rencontre avec les élus locaux, tenue samedi à la Coupole, le chef de l'Etat a dressé un réquisitoire très critique sur la politique de privatisation et d'investissement. Il a ainsi admis que la politique mise en place a été un échec. «Nous nous sommes trompés. Nous nous sommes rendus compte que nous avons fait fausse route. Oui! En matière de politique de privatisation et d'investissement, nous nous sommes cassés le nez!» a admis M.Bouteflika devant plus de 2000 hauts cadres de l'Etat. Ni la vente des entreprises, ni les projets d'investissement n'ont été satisfaisants. Très irrité par la gestion de ces dossiers, le chef de l'Etat a affirmé qu'il n'acceptera plus le bradage des entreprises nationales. «En ce qui concerne la privatisation, je dirai que nous ne vendons pas en gros nos entreprises. Chaque chose a son prix. On doit évaluer chaque chose à son prix réel», a-t-il précisé. Finie la cession anarchique des entreprises publiques. Au lieu de les céder n'importe comment et à n'importe qui, le Président préfère les transformer «en activités d'utilité publique». «Je ne suis pas contre les investissements. Au contraire, je dis bienvenue aux investissements. Mais ils doivent être fructueux, d'abord pour le pays, avant qu'ils ne soient bénéfiques pour l'investisseur», a-t-il argumenté. Ces propos du Président Bouteflika sont loin d'être de simples déclarations. Son message traduit, en fait, un changement de cap dans la politique de privatisation et de l'investissement. Même si le chef de l'Etat ne pointe personne du doigt, il n'en demeure pas moins que c'est le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar qui est en fait visé en tant que premier responsable du dossier de la privatisation. L'échec de son département dans la politique de privatisation des entreprises n'est un secret pour personne. Pour rappel, une liste de 1200 entreprises, soumises à la privatisation, a été présentée par le gouvernement de Ouyahia en 2005. Qu'en est-il de cette liste? Jusqu'à présent aucun bilan officiel n'a été établi, si tant est que l'on ait songé à en établir un, alors qu'un rapport devait se faire annuellement, l'opération continue d'être gérée dans l'opacité totale. Sous la pression des députés, M.Temmar a livré lors de son passage à l'APN quelques données. Entre 2003 et 2007, l'opération s'est soldée par la vente de 417 entreprises publiques. Parmi elles, 192 entreprises ont été totalement privatisées, 33 autres privatisées à plus de 50% de leur capital et 11 autres à moins de 50%. De plus, 69 entreprises ont été reprises par les travailleurs, 29 autres ont été transformées en joint-ventures et que la vente des actifs de 83 autres entreprises a été faite. Concernant les entreprises dissoutes, elles sont toutes à caractère commercial et non pas productif. Pour les profits tirés par l'opération, les recettes incluent un montant de 125 milliards de dinars qui ont été versés sur un compte spécial du Trésor public. Quant aux investissements engagés par les opérateurs, ils s'élèvent à 871 milliards de dinars. Toujours dans ce sens, M.Temmar a fait savoir que 44 milliards de dinars de dettes, contractées par des entreprises publiques, ont été remboursées par les acquéreurs. Ces résultats restent très faibles par rapport à l'importance du potentiel industriel mis en vente. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a renoncé à la privatisation de plusieurs entreprises. Combien? Le nombre demeure inconnu. Par ailleurs, le discours du Président Bouteflika a été apprécié par la classe politique. La Dame du PT a été la première à se réjouir du discours. Preuve, le Parti des travailleurs a vite réagi pour exprimer sa satisfaction. «Le président de la République a eu le courage politique de dire les choses telles quelles sont sur le terrain», a déclaré à L'Expression le député du PT, Ramdane Tazibt. Dans un communiqué rendu public, hier, le PT estime que «le discours du président doit être suivi par des mesures concrètes». Le parti entend par là, l'arrêt de la politique de privatisation et la remise en cause de toutes les lois qui ont permis cette orientation. Le parti appelle au gel de la loi sur la concurrence et la loi domaniale. Le discours du président donne gain de cause au PT lequel refuse de lâcher prise.