Sur les 120.000 habitants d'El Bouni, la plus grande daïra de la wilaya de Annaba, seuls 35 à 45% d'entre eux s'acquittent de leurs factures Les préjudices causés à l'entreprise publique Sonelgaz se chiffrent en centaines de milliers de dinars. La consommation frauduleuse de l'électricité semble devenir un «sport» fort apprécié du côté de la Coquette. Branchements illicites, falsification de compteur d'électricité, utilisation de films radiologiques, tout est bon pour s'éclairer sans bourse délier. Cette pratique peu orthodoxe fait beaucoup d'émules. Du coup, une nouvelle faune de fraudeurs est apparue, causant des dommages aussi bien à Sonelgaz qu'à l'honnête citoyen, qui, lui s'acquitte toujours de ses factures d'électricité sans rechigner. Cette situation a amené les responsables à opérer des contrôles impromptus ayant permis de prendre «la main dans le sac» de nombreux consommateurs frauduleux. Dans la daïra d'El Bouni, plus précisément, plusieurs localités comme Sidi Salem, Bouzaâroura, Oued El Nil, pour ne citer que ces endroits, ont été les premières à «consommer» de l'électricité «gratuitement» avec des branchements illicites. A l'image de la localité de Sidi Salem, où un grand nombre d'appartements des cités «dortoirs» consomment de l'énergie électrique sans être dotés de compteurs. Ces derniers ont été récupérés par Sonelgaz, faute d'acquittement des factures par ses abonnés. D'ailleurs, cet état d'esprit, c'est-à-dire consommer «gratis», est dû, non seulement aux factures salées, mais aussi au fait que cette frange de la société n'a jamais admis l'autorité. Le cas est tout autant similaire pour les lieux-dits Daradji Radjem et Gharbi Aïssa et les autres localités de la daïra d'El Bouni. Payer une facture d'électricité, d'eau ou même de loyer relève du miracle. Sur les 120.000 habitants de la daïra d'El-Bouni, seuls 35 à 45% d'entre eux s'acquittent de leurs factures, tous services confondus. Mais l'électricité reste le produit le plus soumis à la fraude. Les branchements illicites s'entremêlent comme les fils d'une toile d'araignée, s'étendant sur plusieurs dizaines de mètres au-dessus des maisons. Le même phénomène est visible dans d'autres localités des daïras de la wilaya de Annaba, mais à des degrés moindres qu'à El Bouni. Un responsable de Sonelgaz, dans la commune d'El Bouni, estime les dommages subis par la société à 40 milliards de centimes. Selon des sources proches du dossier, quelque 3016 cas de fraude sont enregistrés chaque année dont 1 054 pour la seule daïra d'El Bouni. Pour ce qui est des éventuelles mesures à prendre, le même responsable a indiqué que «les fraudeurs seront tenus de s'acquitter de la consommation électrique, celle- ci sera évaluée sur la moyenne des 10 et 15 derniers semestres.» «Pour ceux qui ont opéré des branchements illicites, ils se verront installer chez eux des compteurs d'électricité», ajoute notre interlocuteur. Mais l'électricité n'est pas seule à faire l'objet de fraude, les compteurs d'eau, à leur tour, sont soumis à la loi des branchements illicites et sont utilisés frauduleusement. Seule équation commune pour les deux, qui payera le manque à gagner?