Le communiqué stigmatise l'opposition, qui n'a pas joué son rôle. Dans un communiqué signé par Ali Djeddi et Kamel Guemazi, une partie de la direction de l'ex-FIS met en doute l'opportunité et l'efficacité du vote du 30 mai, et met en avant une série de préalables pour que soient «crédibles», «justifiées» et «opérantes» ces élections. Pour les deux leaders de la direction du parti dissous «le report des élections - tout comme leur tenue - ne va pas changer grand-chose dans la vie quotidienne de l'Algérien». Il n'est pas permis, dit le communiqué, d'organiser des élections en chaîne et desquelles on n'entrevoit ni sortie de crise, ni aucune des conditions d'une justice sociale, ni une réconciliation nationale. «Les conditions actuelles, marquées par une purification électorale systématique, l'incendie des prisons et les attentats terroristes, sont-elles appropriées pour y organiser des élections?», s'interrogent les deux leaders, qui observent, toutefois, que les élections se tiendront effectivement, au vu de tout ce qui a été déployé en ce sens, alors autant «donner sa voix à celui qui est capable de défendre la religion et les valeurs islamiques, les intérêts de la nation et les droits des citoyens». Le communiqué stigmatise l'opposition, qui n'a pas joué son rôle de force parallèle constructrice et de proposition, et critique les autorités ouvertement, pour avoir brandi des menaces à peines voilées, à la face de ceux qui essayeraient de boycotter. Enfin, arrivant à l'essentiel, le communiqué propose un débat politique général, qui réunira les forces du pays afin de pousser le pouvoir à revoir ses positions. Entendre par là: la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus politiques, le traitement du dossier des disparus, la prise en charge des victimes de la tragédie nationale et en finir avec la politique d'exclusion. Dans un entretien téléphonique, Djeddi confirme l'authenticité du communiqué, cosigné avec Guemazi, et clarifie: «Pour nous, il s'agit surtout de sortir d'une situation sans issue. Apparemment, nous nous dirigeons vers la tenue de ces élections, et les propositions que nous avons émises restent d'actualité. Nous appelons surtout à une prise de conscience de tous.» Ali Djeddi reste le leader de la mouvance de l'ex-FIS après l'assassinat de Hachani et représente, avec Guemazi, Boukhamkham, Chigara, le «dernier carré» des leaders de l'ex-FIS en liberté.