Ce bilan est conforme à celui de la commission d'enquête mandatée par le président afghan après une frappe aérienne vendredi près du village d'Azizabad. Les Nations unies ont confirmé hier, après enquête, la mort de 90 civils, en majorité des femmes et des enfants, dans un bombardement vendredi de la coalition sous commandement américain, qui a aggravé les tensions entre autorités afghanes et forces internationales. La coalition internationale a reconnu, pour l'heure, n'avoir tué que cinq civils et 25 talibans dans cette opération qui a déclenché la colère de Kaboul. «L'enquête de la mission des Nations unies en Afghanistan a recueilli des preuves convaincantes, fondées notamment sur des témoignages, de la mort de quelque 90 civils, parmi lesquels 60 enfants, 15 femmes et 15 hommes», a écrit le représentant du secrétaire général des Nations unies en Afghanistan, Kai Eide, dans un communiqué. «Les habitants ont été en mesure de confirmer le nombre de victimes, y compris leurs noms, âge et sexe. Quinze autres villageois ont été blessés», a-t-il ajouté. «Il s'agit d'un sujet de la plus haute préoccupation pour les Nations unies. J'ai constamment répété que la sécurité des civils devait être la priorité lors de la planification et de l'exécution des opérations militaires», a martelé Kai Eide, rappelant que de telles bavures «détruisent la confiance du peuple afghan». Ce bilan est conforme à celui de la commission d'enquête mandatée par le président afghan Hamid Karzaï, après une frappe aérienne vendredi près du village d'Azizabad, dans le district isolé de Shindand, où les insurgés sont très présents, à quelque 120km d'Herat, la grande ville de l'ouest du pays. Le président Hamid Karzaï et l'ONU lancent régulièrement, mais en vain, des appels à la prudence aux forces internationales, avertissant que de telles bavures risquent de retourner la population contre les soldats étrangers et le gouvernement. La tragédie de Shindand, qui survient après la mort en juillet, de 64 civils, pour la plupart des femmes et des enfants, dans les provinces du Nouristan et de Nangarhar (est), selon des commissions d'enquête afghanes, a mis le feu aux poudres. Le gouvernement afghan a ainsi annoncé lundi qu'il souhaitait «renégocier les termes de la présence des forces internationales en Afghanistan». Il s'agit pour lui d'«établir les limites et les responsabilités des forces internationales conformément aux lois afghanes et internationales» et de «mettre un terme aux frappes aériennes visant des cibles civiles, aux perquisitions et aux détentions illégales de citoyens afghans». Quelque 70.000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'Otan (Force internationale d'assistance à la sécurité, Isaf), l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom, OEF), sont actuellement déployés en Afghanistan. «L'Afghanistan de 2001 n'est plus celui d'aujourd'hui. Aujourd'hui nous avons un gouvernement, un Parlement, des institutions nationales qui arrivent à maturité, une armée et une police en plein développement...», a souligné hier le porte-parole de la présidence afghane, Homayun Hamizdada, en référence à l'état du pays lors de la chute des talibans fin 2001. Il ne s'agit pas pour autant pour Kaboul de demander le départ des troupes étrangères du pays: «Nous voulons une meilleure coopération dans la lutte contre le terrorisme, tout comme être en mesure d'empêcher la mort de civils en opérations. Nous ne voulons plus voir mourir nos enfants dans nos villages», a ajouté le porte-parole au cours d'une conférence de presse.