Sur fond de campagne électorale amorphe, le regain des assassinats des policiers suscite moult interrogations. Alors que tous les regards sont braqués sur les différentes péripéties de la campagne électorale, des événements d'une importance non négligeables risquent de passer inaperçus. C'est le cas du volet de l'insécurité et de la violence terroriste qui demeurent persistantes en dépit de leur diminution notable ces dernières années. C'est ainsi que si l'on se réfère à des communiqués émanant des services de sécurité compétents, pas moins de quatre policiers ont été assassinés ces 15 derniers jours entre Médéa, Boumerdès et Alger et leurs armes subtilisées. Certes, dans le contexte de l'Algérie de ces dix dernières années, l'élimination physique des éléments des services de sécurité (ANP, gendarmerie, police) n'est pas nouvelle. Elle a même été, pendant longtemps, une donne. Mais ces faits macabres ne sont pas sans susciter interrogations, des recoupements et autres analyses des observateurs de la scène sécuritaire du pays. D'abord, pour certains analystes au fait des données sécuritaires du pays, ce retour des assassinats ciblés de policiers n'est rien d'autre que le résultat de minuscules poches de résistance cristallisées autour de ce qui reste des éléments toujours insaisissables des groupes armés qui se terrent et agissent de temps à autre lorsque l'occasion se présente à eux. Cependant, ils ne sauraient être de ce fait actifs en permanence et ne pourraient, en aucun cas, rappeler les détestables années 1993-1994 durant lesquelles le corps des policiers a eu à souffrir des agissements criminels des groupes armés notamment dans la capitale et ses environs. Faut-il rappeler qu'à cette époque, les victimes de ce corps se comptaient par dizaines en une semaine et suscitaient peur et frayeur pas uniquement dans ce corps, mais également dans d'autres services de sécurité et au sein de la population visée, elle aussi, par les assassinats individuels, collectifs et autres bombes et voitures piégées. Par conséquent, pour les analystes, ce ne sont là que les délires de certains criminels dépassés par l'évolution politique et sécuritaire du pays qui, par ces actes, touchant de surcroît des cibles faciles à atteindre, sont à la recherche du coup d'éclat médiatique et ainsi faire croire à la persistance de leur présence sur la scène. En revanche, pour d'autres observateurs, les méthodes employées par les auteurs de ces assassinats ciblés de policiers et le fait que souvent les armes subtilisées sont retrouvées chez les terroristes arrêtés plus tard, ne sont guère différentes de celles avec lesquelles, les GIA avaient fait leur notoriété sanguinaire. Résultat de leurs analyses: tout donne à penser qu'un groupe ou des groupes armés sont en voie de reconstitution, et si c'était le cas, ils pourraient constituer une menace réelle sérieuse et dangereuse pas seulement pour le seul corps des policiers, mais aussi pour toutes les autres franges de la société algérienne tant sécuritaire que civile. Cela dit, et pour appuyer cette thèse, ces analystes argumentent par le fait que ce groupe ou ces groupes sont forts en termes de mobilité et d'efficacité (macabre s'entend) puisqu'ils arrivent à atteindre leurs objectifs: c'est-à-dire le meurtre de policiers isolés et, partant, à susciter interrogations et inquiétudes. Alors, est-ce le syndrome de 93 qui revient ou simplement une surenchère sanguinaire de quelques éléments manipulés par certains en mal de nostalgie pour des thèses qu'on veut imposer par la voie de la violence et de la déstabilisation du pays, particulièrement en cette période de campagne électorale? S'il est encore trop tôt pour trancher par l'affirmative ou la négative pour l'une ou l'autre thèse, il n'en demeure pas moins que la persistance de cette violence chronique - même si elle est dispersée dans le temps et dans l'espace - continue de nuire aux institutions sécuritaires, à la population et surtout à la stabilité et à l'image du pays.