Les nuits du Ramadhan qui semblent vouloir se mettre doucement en place dans la région de Tizi Ouzou, donnent à penser que la scène souffre encore d'une sorte de désaffection des familles, notamment en certaines villes de l'intérieur de la wilaya. Mis à part les prières de taraouih que certaines femmes, jeunes et vieilles, pratiquent à la mosquée voisine, le reste de la nuit est carrément «squatté» par les hommes et principalement les jeunes. En outre, mis à part les longues parties de football, sous quelques lumières blafardes de lampadaires principalement dans les villages, il y a les parties échevelées de loto qu'abritent des locaux généralement en dehors des villages et les parties de dominos. Ces dernières durent souvent jusqu'à des heures indues et sont agrémentées de thé et de café servis à profusion et accompagnés de temps à autre des zlabias dégoulinant de sucre ou de kalb el louz qui n'ont d'amandes que le nom. Le reste des soirées se passe généralement à regarder la télévision des autres, la nôtre ayant choisi de se spécialiser en séries et autres films achetés sans doute au kilogramme dans quelque marché où se font les liquidations de stocks! Si les uns et les autres s'ennuient à mourir, ce n'est pas pour autant que la ville est silencieuse. Le bruit est omniprésent de jour comme de nuit, sans égard pour les bébés, les malades et ceux qui veulent se reposer d'une longue journée de travail avant d'en affronter une nouvelle! Mais voilà, les choses sont ainsi faites. Tout le monde n'en a cure du voisin. L'on prend ses aises et l'on rit à gorge déployée dans la cage de son immeuble. Aucune précaution n'est prise quand on rentre à minuit passé et l'on fait tout le «boucan» du monde. On parle et on s'interpelle dans les cages d'immeubles et sous les fenêtres des gens, sans se gêner de gêner les autres et sans oublier les pétarades du moteur de son véhicule. Bref, la vie sociale en prend un sacré coup et l'on se met à rêver d'un vent apaisant qui envelopperait nos villes et les plongerait dans le monde du silence toutes les nuits! Peut-être plus que durant les autres nuits, les veillées du Ramadhan sont appréhendées plus que tout par les personnes malades et par les familles ayant des bébés. Les nuisances sonores, il n'y a que cela de «vrai» chez nous. Cela commence dans la cage d'escaliers et se poursuit au marché, dans la rue, au travail, etc. Y-a-t-il quelqu'un pour lutter contre ces dépassements, un représentant de la loi pour obliger les gens à respecter autrui? Que nenni! C'est comme si, par tacite accord, on vous dit: «Débrouillez-vous entre voisins.»