Bouteflika a annoncé le projet, la première fois, lors de sa visite à Batna, en janvier dernier. Depuis, la classe politique nationale n'en finit pas de monter au créneau. Le dernier à réagir est le FLN. Dans un communiqué, son secrétaire général Benhamouda a dénoncé les forces occultes qui visent à faire avorter le processus de la concorde civile et a invité les différents partenaires sociaux au dialogue. Mais les premiers à avoir sauté sur l'aubaine de la concorde nationale sont les islamistes. Depuis l'annonce du projet, ils ont multiplié leurs activités avec des séries de propositions dites de sortie de crise. El Islah, le MRN et le MSP modulent leur discours sur un ton nationaliste, voire républicain et dont la finalité est la même à savoir: le rêve inachevé d'une république islamique. Relayée par le groupe de Londres du FIS dissous, cette mouvance interprète la concorde nationale comme suit : elle signifie l'amnistie générale en faveur de tous les éléments des groupes armés, la réalisation de l'aile politique du parti dissous en insistant sur la libération de ses deux chouyoukh. Pourtant Bouteflika a déjà tranché cette affaire. Il conditionne la libération de Ali Benhadj par l'engagement de ce dernier à ne plus investir le terrain politique. Si le RCD ne s'est pas officiellement prononcé vis-à-vis de la concorde nationale, c'est parce que « il ne connaît ni les tenants ni les aboutissants du projet », la mouvance démocratique que sont le FD, l'ANR, rejette le projet du moins tel que conçu par les islamistes. En plus, pour le MDS de Hachemi Cherif, ce projet, tout comme la concorde civile, son application ne sera qu'une faveur de plus à accorder aux intégristes islamistes. A cette conception qu'imposent, de plus en plus, les tenants d'un Etat théocratique, il faut ajouter l'approche étriquée des milieux mafieux pour lesquels l'instabilité du pays est synonyme d'enrichissement rapide et de maintien des rouages du système. Le RND, après hésitation, donne sa définition. Le groupe parlementaire de ce parti assimile ce projet à une réponse rapide aux revendications légitimes du peuple algérien. C'est la lutte contre le chômage, l'atténuation de la crise de logement, la réforme du système éducatif et la révision du Code de la famille. Reste le FFS, pour qui c'est un tout autre son de cloche. Pour le parti d'Aït Ahmed, indépendamment de la vision des islamistes et de la réaction des démocrates, il rejette le projet de Bouteflika. Il propose, en contrepartie dans son dernier mémorandum la dissolution de l'APN, le retour à la constituante d'où jaillira une nouvelle Constitution. Cette dernière sera les premiers jalons d'une nouvelle réconciliation de l'Algérie avec elle-même. Le Président de la République, dans son discours, lors du festival mondial de la jeunesse, s'est exprimé sur la concorde nationale. Il s'agit pour Bouteflika d'arriver à ce que les idéologies qui animent les différentes familles politiques algériennes puissent cohabiter en paix. Il est question de privilégier le débat serein loin de toute exclusion. Dans les interprétations des uns et l'opposition des autres, l'urgence qui préoccupe le citoyen est de savoir comment parvenir à instaurer la paix. Certes, pas à n'importe quel prix encore moins au détriment du développement du pays, mais d'abord la paix toute la paix!