Contrairement à ce qui était attendu, le Président n'a fait aucune déclaration sur la grève du Cnes. La visite effectuée hier, par le Président de la République, à travers les différents sites universitaires de l'Algérois, a pris une tournure assez particulière au niveau de l'université de Bouzaréah. Détails. Une fois arrivé sur les lieux, le cortège présidentiel a été accueilli par quelques jets de pierres et des slogans hostiles au pouvoir, scandés par une vingtaine d'étudiants, tels que «Pouvoir assassin», «Ulac smah ulac», «Libérez le pays». Cette poignée d'étudiants, comme le renseignent ses «mots d'ordre», est acquise au mouvement citoyen de Kabylie ou du moins elle en est solidaire. «Le pouvoir n'a rien fait pour régler la crise en Kabylie», nous explique une étudiante en 3e année philosophie. En revanche, le Président a été reçu par les applaudissements de centaines d'étudiants dont la plupart sont structurés au sein des organisations telles que l'Unea, l'Ugel et l'Oned. Approché, un étudiant nous dira: «J'estime que la visite du Président est très significative, je ne partage pas l'avis de la partie révoltée.» Afin d'éviter d'éventuels débordements, un important cordon sécuritaire a investi l'intérieur de l'université, quadrillant ainsi les étudiants. Une panique générale a été provoquée autour du campus. Surpris par le cafouillage d'éléments du service d'ordre qui rejoignaient leurs fourgons et l'agitation des étudiants, la plupart des commerces ont baissé rideau. «Quittons les lieux, la situation risque de dégénérer», lance un citoyen à son fils qui lui tenait la main. Ce qui s'est passé hier à l'université de Bouzaréah «reflète en réalité les clivages qui traversent la société», commente un professeur rencontré sur les lieux. Il est à signaler que, durant la même journée, le Président a procédé à plusieurs inaugurations. C'est le cas du département phytotechnique baptisé Amar-Ouzeggane à l'Institut national d'agronomie (INA) d'El-Harrach qui compte 11 laboratoires spécialisés dans la recherche scientifique agricol; de la Bibliothèque centrale à la faculté des sciences sociales et humaines à l'université de Bouzaréah, du lycée Mohamed-El-Bedjaoui, de Bab Ezzouar, d'une capacité de 1300 places pédagogiques. Le chef de l'Etat a relevé des fissures sur certains piliers et a ordonné de les réparer dans les plus brefs délais, A la faculté de droit de l'université d'Alger, il a également inauguré un bloc pédagogique qui comprend 21 salles. Le Président a approuvé le report, au mois de septembre prochain, des examens du magistère prévus initialement pour le mois de juin. Cette mesure intervient suite à la demande d'une étudiante en raison du début tardif des cours et de leur suspension. Les étudiants rassemblés à l'intérieur de l'enceinte universitaire ont bien accueilli leur hôte, mais se sont distingués par le slogan «Benzaghou assassin». A l'Institut des sciences économiques de Dely Ibrahim, il a inauguré deux amphithéâtres baptisés respectivement Ibrahim-Ghafa et Mohamed-Essaghir-Benani. La dernière structure visitée par le Président a été l'Ecole nationale d'administration (ENA) où il a inauguré le bloc pédagogique Ahmed-El-Ghazi. La tournée de Bouteflika a coïncidé avec le mouvement de grève paralysant certaines universités. Contrairement à ce qui était attendu, le Président n'a fait aucune déclaration à ce sujet.