La situation dans les territoires sahraouis ne cesse de se détériorer. Face à ces faits, les Sahraouis n'écartent pas l'éventualité de reprendre les armes. La situation de la population sahraouie devient de plus en plus préoccupante. Le constat dressé par une délégation belge, qui s'est rendue en mai dernier dans les camps de réfugiés sahraouis, est inquiétant. «Il faut savoir que les hangars de stockage sont vides, il n'y a ni farine, ni lentilles, ni sucre, ni huile comme distribués, sous forme de paniers, régulièrement depuis 1985», a déploré Mme Thérèse Hublart, lors de la réunion, jeudi à Bruxelles, du Groupe interparlementaire informel belge pour la paix au Sahara occidental. Ce membre de la délégation belge a, en outre, relevé l'insuffisance des quantités d'eau distribuées. Les Sahraouis sont en effet ravitaillés en eau avec des citernes de 18.000 litres pour 5 à 7000 personnes. Selon Mme Hublart «ces quantités sont insuffisantes car il faudrait 15 à 25 litres/jour par personne, sans oublier qu'elle contient beaucoup de chlorure de sodium, d'iode et de fluor». Sur le plan sanitaire, la députée belge estime que pour réduire le taux de mortalité et de morbidité, il faut améliorer la qualité des services de soins de base et mettre en place une coordination sanitaire. «Des lacunes existent au niveau de la gestion des médicaments, de la santé scolaire et des équipements de laboratoire. Une malnutrition aiguë entraîne de l'anémie et des infections tandis qu'une malnutrition chronique amène un retard staturo-pondéral de deux ans chez les jeunes enfants, dû à la quasi-absence de protéines animales et d'apport de vitamines C et de calcium dans l'alimentation», a-t-elle expliqué. Concluant son témoignage, Lucien Belvaux, membre de la délégation, a déclaré que «rien ne justifie sur le plan administratif que le Maroc demande l'annexion du Sahara occidental», avant d'ajouter qu'il était de son devoir de dénoncer cette injustice. «Ne pas le faire, selon lui, c'est trahir ceux qui vivent dans les camps.» Il a, par ailleurs, insisté sur le fait que le peuple sahraoui se sent humilié de vivre de l'aumône internationale. «Ils ont le moral, mais c'est une façade. Ils restent dignes parce qu'ils sont fiers», a-t-il insisté. M.Belvaux n'a pas manqué d'avertir que, devant cette situation lamentable, les jeunes Sahraouis veulent reprendre les armes. Une option qui a été, à moult reprises, brandie par les dirigeants de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). A ce sujet, le représentant du Front Polisario en Belgique, Jamal Zakari, a indiqué que «la plus grande majorité des Sahraouis, en particulier les jeunes, se sentent frustrés vis-à-vis de la communauté internationale qui ne fait rien pour faire pression sur l'occupant afin qu'il respecte la légalité internationale». Au sujet de l´éventuelle nomination de M.Christopher Ross comme nouvel envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara Occidental, M.Zakari a déclaré que les autorités Sahraouies ne peuvent que s´en féliciter, si cette nomination se confirme. Position exprimée également par Pierre Galant, président de l'Eucoco (la Coordination européenne des comités de soutien au peuple sahraoui) qui a dit que pour sa part, il partageait l'avis des Sahraouis. Enfin, la présidente du groupe parlementaire belge, Mme Christiane Vienne, a annoncé une prochaine réunion du groupe afin d'aborder la question d'un déplacement de parlementaires au Sahara occidental pour évaluer la situation sur place.