Beaucoup d'entre eux demandent le retour des coopératives soutenues par l'Etat. En ces temps où le marché donne le tournis aux citoyens, du moins aux travailleurs qui ne savent plus où donner de la tête, l'aviculture, une activité qui avait, un certain moment, le vent en poupe, périclite doucement. A première vue, rien de plus simple. Un hangar, du matériel, des poussins et vogue la galère. Mais cela est une observation bien superficielle, car en réalité, et de nombreux aviculteurs contactés l'affirment: «La branche se meurt, car aujourd'hui, le prix des intrants est impossible. Jugez-en si le poussin d'un jour est trouvable à raison de 80 DA l'unité, l'aliment est, pour sa part, affiché à 4 000 DA le quintal, cela sans compter les autres produits vétérinaires: vaccins, vitamines et autres médicaments.» Comme ils ajoutent: «Il faut tenir compte de la construction du hangar qui doit répondre aux normes de l'élevage, si l'on tient à faire un travail propre et efficace, avec l'eau potable et l'électricité». Tout cela pèse sur le budget. Et la filière est désormais ouverte aux seuls possédants. Si les régions de Baghlia et de Lakhdaria sont en avance sur le nombre d'aviculteurs installés, la région de Tizi Ouzou n'est pas en arrière, bien au contraire, mais ce qui semble faire en sorte que cet élevage a tendance à péricliter, c'est justement la cherté des produits et du poussin. Il fut un temps où des coopératives avicoles existaient, par exemple, à Draâ Ben Khedda et ailleurs. Mais désormais, des privés se sont installés un peu partout, et souvent le produit fourni est loin de répondre à la demande. Et bien des aviculteurs s'en étaient mordu les doigts. Le poussin, par exemple, n'est pas issu de souche contrôlée et ce faisant, l'aviculteur assiste à son corps défendant à un développement de son cheptel ne correspondant pas aux normes. Ainsi, certains spécialistes de cette filière expliquent: «On achète ce poussin et on l'élève correctement, mais son développement et sa prise de poids sont comme retardés. Au lieu de faire, par exemple, 1kg à 40 jours, on doit souvent attendre 50 jours pour avoir ce résultat, et cela grève le budget, car un poulet qui n'est "prêt" qu'au-delà de 50 jours est une perte sèche.» Beaucoup de ces aviculteurs affirment que «les prix actuels qui paraissent excessifs, allant de 200 DA le kg dans le meilleur des cas à 200-270 DA le kg de poulet évidé, est inaccessible aux petites bourses». Et ces aviculteurs de demander le retour en force de ces coopératives que l'Etat soutiendrait: «Ces coopératives fourniraient le poussin, l'aliment du bétail et un contrôle sanitaire aux adhérents qui seront ensuite tenus de vendre leur production aux circuits de ces coopératives mis en place pour lutter contre ce renchérissement. De cette manière, la filière avicole serait sauvée et l'importation, tant des viandes blanches que des oeufs, sera définitivement écartée.» Selon ces aviculteurs, «...aujourd'hui, seuls les possédants peuvent soutenir la concurrence, ce qui est regrettable, car c'est une activité en somme susceptible d'employer des centaines de jeunes chômeurs». Ces difficultés font que le prix du poulet est pratiquement inabordable. L'Etat, et particulièrement les responsables de l'agriculture, sont interpellés.