Entre un gouverneur qui se veut rassurant et un chef du gouvernement qui, même quand il s'exprime en chef de parti, refuse de nous «endormir», on ne sait plus quoi penser. Lundi prochain notre gouverneur de la banque centrale (BA), Mohamed Laksaci, abordera, devant les députés, la crise financière et économique mondiale et ses répercussions sur l'économie de notre pays. Il y a peu, cette même personnalité déclarait que «l'Algérie était à l'abri des conséquences de la crise financière mondiale». Entre-temps le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, tout en précisant qu'il s'exprimait en sa qualité de leader du RND, avait dit à peu près le contraire pour mettre en garde contre une chute drastique du prix du pétrole. Il a précisé qu'à 70 dollars le baril, nous serions en danger. Un danger matérialisé, entre autres, par l'intrusion du FMI dans la direction de notre économie. Ce qui nous rappelle les mauvais souvenirs du rééchelonnement (pardon, du réajustement) des années 90. Epoque où même les mots nous faisaient peur. Entre un gouverneur qui se veut rassurant et un chef de gouvernement qui - même quand il s'exprime en chef de parti - refuse de nous «endormir», on ne sait plus quoi penser. Il est clair, cependant, que la programmation de la visite du gouverneur de la BA à l'APN est dictée par un souci de précisions. Cela veut dire aussi que sa dernière conférence de presse n'a pas été très convaincante et qu'il lui faut revenir sur certains aspects et mieux, les clarifier. Comme le système de réassurance duquel dépendent nos assurances. Des réassurances dont les plus grandes sociétés internationales ne sont pas épargnées par la menace. De même que le comportement des filiales de banques étrangères installées en Algérie et leur sort en cas de difficultés sérieuses que pourraient rencontrer leur maisons mères respectives en Europe ou ailleurs. On peut y ajouter cet Accord d'association avec l'Union européenne touchée de plein fouet par la crise, même si ses dirigeants éprouvent, eux aussi, la peur des mots et préfèrent parler de «mollesse économique» plutôt que de récession économique. Une mollesse qui, pourtant, fait l'objet d'un sommet des chefs d'Etat du Vieux Continent pour trouver la meilleure parade. Preuve que le feu est dans la maison. Que dire également de toutes ces grandes firmes qui réalisent de gros marchés en Algérie comme ceux du métro, de l'autoroute, du tramway, des usines de dessalement, etc. et dont on ne peut pas dire qu'elles sont immunisées, par on ne sait quelle grâce, contre les effets de la crise. On peut y ajouter, même si c'est infime, le risque de non-paiement que courent nos exportateurs, comme l'a si bien expliqué le président de l'Agex. Quant aux IDE dont nous en avions fait un véritable mythe pour notre développement, il serait inqualifiable d'en attendre quoi que ce soit aujourd'hui, encore moins qu'hier. M.Laksaci a la lourde mission de nous expliquer tous les prolongements et effets sur notre économie avec son imbrication dans le système économique et financier international. Tout en nous faisant l'économie de ce que nous savons déjà, comme la bonne idée d'avoir anticipé le remboursement de notre dette ou le retard mis par la réforme bancaire qui nous a évité de nous «frotter» de plus près avec les places financières internationales, tout comme le bricolage de notre Bourse qui n'en est pas une. Ne pas rabâcher tout cela pour ne pas «valoriser» l'attitude du moindre effort qui nous colle à la peau. Sinon et à part tout ce qui a été dit plus haut, M.Laksaci est la première personnalité officielle à se prononcer sur la crise mondiale et ses effets sur notre économie. La première et la seule pour l'instant. Bien malin celui qui expliquera le pourquoi d'un tel silence. Avec la qualité des questions de nos députés, lundi nous aurons des indices.