Avant même que ne se joue Roumanie-France, le sort du sélectionneur semblait scellé L'avenir de Raymond Domenech à la tête de l'équipe de France devait se jouer hier soir à Constanta contre la Roumanie lors des qualifications pour le Mondial-2010 mais des tendances et des favoris peuvent déjà se dégager pour une éventuelle succession. Les successeurs possibles: Didier Deschamps, le favori L'intense lobbying de la génération «France 98» en sa faveur avait plombé ses espoirs de nomination après le fiasco de l'Euro-2008 et la Fédération française de football (FFF) avait finalement préféré maintenir Domenech à son poste. «L'équipe de France doit être le patrimoine de la Fédération pas celui d'un clan», avait même déclaré le président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes, lors du conseil fédéral du 3 juillet. Mais l'ancien capitaine des champions du monde et d'Europe, qui s'était déclaré disponible après l'élimination des Bleus au 1er tour du championnat d'Europe, a retenu la leçon et s'est fait beaucoup plus discret, ces dernières semaines. Deschamps peut compter sur son expérience de joueur et surtout de pilier de la sélection (103 capes entre 1989 et 2000). Il peut également se prévaloir d'une reconversion réussie sur le banc. Entraîneur de Monaco (2001-2005), il a conduit le club du Rocher en finale de la Ligue des champions en 2004, une performance devenue rarissime pour un club français, ces dernières années. Nommé à la tête de la Juventus Turin en 2006, il permet à la «Vieille dame», reléguée en Serie B après le scandale des matchs truqués, de retrouver l'élite en une saison. Son point faible: ses relations parfois ombrageuses avec ses dirigeants qui l'ont poussé à démissionner de son poste aussi bien à Monaco qu'à la Juve. D'où la méfiance d'une partie des membres du Conseil fédéral à son égard. Laurent Blanc, le recours L'ancien défenseur des Bleus jouit d'une excellente réputation aux yeux des instances et possède désormais une légitimité au poste d'entraîneur après une saison à succès à Bordeaux. Sa nomination pourrait permettre à la FFF de calmer les griefs des champions du monde sans avoir à gérer une personnalité aussi imposante que celle de Deschamps. Blanc peut donc être un recours crédible et a même manifesté son intérêt pour la fonction («entraîner l'équipe de France est un challenge qui me plairait», a-t-il déclaré le 11 septembre). Mais il se heurte à un lourd handicap: il est sous contrat avec les Girondins et son président, Jean-Louis Triaud, ne voit pas d'un très bon oeil un possible débauchage de son technicien. Autre écueil, les critiques formulées par Blanc au sujet des modalités de nomination du sélectionneur et de la mainmise de la Direction technique nationale. «Le cheminement est toujours le même: (il) sort de la DTN, avait-il ainsi affirmé, dans le magazine spécialisé So Foot début septembre. Ce n'est pas que le système est bloqué, c'est qu'il est ce qu'il est à revoir.» Les autres scénarii envisageables Les cinq mois qui séparent le match en Roumanie du prochain rendez-vous des Bleus dans les éliminatoires du Mondial (le 28 mars en Lituanie) peuvent pousser à la nomination d'un intérimaire en attendant de trouver un successeur à Domenech. Dans ce cas de figure, Alain Boghossian peut être une solution, même s'il manque d'expérience (il n'a jamais entraîné malgré l'obtention du diplôme d'entraîneur professionnel de football en avril 2006). L'ancien milieu de terrain dispose de plusieurs atouts: la caution de la génération «France 98» dont il a été l'un des porteurs d'eau entre 1997 et 2002 et celle de la Direction technique nationale (DTN) dont il est désormais un membre à part entière. Le nom de Jean Tigana revient également avec insistance à chaque changement de sélectionneur. Candidat malheureux à la succession de Santini, remplacé finalement par Domenech en juillet 2004, l'ancien membre du carré magique de l'équipe de France, dans les années 1980, a toujours joui du soutien de Michel Platini, président de l'Uefa et vice-président de la FFF.