La Centrale syndicale installera prochainement une commission ad hoc, chargée d'étudier cette conjoncture et définir ses retombées. La crise financière qui ébranle depuis quelque temps déjà la planète, fait encore parler d'elle en Algérie. Après les assurances des membres du gouvernement, les appréhensions des experts et l'inquiétude des partis politiques, c'est au tour de la Centrale syndicale de se prononcer. Comment l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) conçoit-elle cette crise? Les travailleurs algériens seront-ils touchés? Le secrétaire général de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, ne veut pas se prononcer, du moins pour le moment. Il estime, cependant, qu'un temps de réflexion lui est nécessaire pour cerner la problématique. «Nous procéderons, dans les prochains jours, à la mise en place d'une commission afin d'étudier de plus près cette question, afin de prendre, par la suite, position» a indiqué hier, à Alger, le patron de la Centrale syndicale. Intervenant en marge de l'ouverture des travaux de la commission exécutive de la Fédération arabe des travailleurs de la métallurgie, de la mécanique et de l'électricité, M. Sidi Saïd a ajouté que son syndicat «préparera un mémorandum, à propos de la crise mondiale, qui sera soumis aux pays arabes et africains, et à l'ensemble des syndicats de par le monde». Pour le secrétaire général de l'Ugta, «la crise financière sera bientôt à son troisième mois et, à ma connaissance, aucun syndicat au monde ne s'est prononcé». Pourtant, juste après l'annonce, en septembre dernier, de la mise en faillite de la banque américaine Lehmann Brothers, ce sont des milliers d'emplois qui ont été supprimés. Des milliers de familles se sont, par ricochet, retrouvées sans le sou. La situation a pris des proportions dangereuses avec l'érosion du pouvoir d'achat des citoyens. Pour ce qui est de l'Algérie, pour le moment, on ne reçoit que quelques échos, en provenance des pays développés touchés de plein fouet par cette catastrophe. Toutefois, à en croire certains experts économiques, si la situation perdure, l'Algérie risque d'être profondément ébranlée par une crise dévastatrice. Cette conjoncture, l'Algérie est en passe de la vivre, en dépit des assurances formulées par certains responsables, dont le directeur de la Bourse d'Alger, Mustapha Ferfara, qui brandit l'argument selon lequel «le système financier algérien est un système domestique». Mais, pour Abdelmadjid Sidi Saïd, «les conséquences fâcheuses de cette crise viendront qu'on le veuille ou non. Et ce sont toujours les pays sous-développés et ceux émergents qui paient les pots cassés». D'autant, estime le patron de la Centrale syndicale, que «dans les pays développés, toutes les mesures nécessaires, à même d'éviter aux entreprises de mettre la clé sous le paillasson, ont été entreprises. Quant à nous, si on ne prend pas notre destinée en main, nul ne le fera à notre place». Le secrétaire général de l'Ugta va plus loin en dénonçant les organisations internationales qui «n'hésitent en aucun cas, lorsqu'il s'agit de parler des droits de l'homme, que ce soit en Algérie ou ailleurs. Mais quand c'est la crise financière, et les retombées sur les pays en voie de développement ou émergents, c'est motus et bouche cousue». Abdelmadjid Sidi Saïd lance donc son initiative. Aux autres de le suivre.