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Regard sur l'Afrique et les marginaux
JOURNEES CINEMATOGRAPHIQUES DE CARTHAGE
Publié dans L'Expression le 01 - 11 - 2008

L'Afrique se dévoile de la plus belle manière qu'il soit à la 22e session des JCC où les salles de cinéma ne désemplissent pas.
Une véritable belle image est incontestablement celle-ci. Les JCC 2008, dont la vocation, cette année, est de promouvoir le cinéma du continent noir, ont programmé dans la journée du mercredi deux films de différents calibres Faro, reine des eaux et Teza.
Le premier donc est le malien Faro, reine des eaux de Salif Traoré. Réalisé en 1996, ce film entre néanmoins dans le cadre de la compétition officielle cinéma. Zanga, enfant né hors mariage, retourne dans son village plusieurs années après en avoir été chassé, pour découvrir qui est son père. Son arrivée coïncide avec les brusques mouvements de Faro, l'esprit du fleuve, manifestations interprétées comme un signe de colère lié à son arrivée, celle du «bâtard». Au travers de ce conte de village, le film invite à découvrir un monde rural confronté au changement mais aussi à la superstition.
La puissance du conseil du village vacille, et la tradition va devoir transiger avec la modernité afin de perdurer. Ce film montre du doigt ces villes de traditions dans certains pays du continent noir qui continuent à croire en des dieux imaginaires, quitte à bannir ou exclure des gens de leur clan. Un film où la part, de théâtralité est palpable ce qui amoindrit sensiblement, pour notre part le charme et degré de témoignage du réalisateur. Le second film, d'un autre peuple noir est Teza du célèbre réalisateur éthiopien, Hailé Gerima, le monument du cinéma africain dont Martin Scorcese avait proposé il y a quelques années de restaurer la copie d'un de ses films, à Cannes. Teza souffle comme une brise qui part et revient au gré des humeurs et cycles de l'humanité, des sociétés et de leur idéologie. C'est l'histoire d'Anberber alias Aaron Arefe parti de son village de Minzero dans les années 1970 pour aller étudier en Allemagne. Il n'est plus du tout le même lorsqu'il revient chez lui en Ethiopie, au début de l'année 1990 pour, dit-il, y mourir. Anberber devenu médecin est pris dans le tourbillon des changements radicaux du régime.
Les rêves de communisme et de lutte contre l'impérialisme sont le portrait de cette génération qui rêvait d'un destin meilleur. Mais le basculement de l'histoire en fera voir de toutes les couleurs à Anberber dont l'ami est assassiné par des radicaux éthiopiens. L'ancien militant décide d'être pacifiste. Un statut qui le mettra d'emblée dans la case des traîtres. Difficile de ne pas prendre part à l'opposition, dans un pays nourri à la sève de la révolution, sa raison d'être. Au travers du destin hors normes d'Anberber, Teza raconte l'histoire de l'Ethiopie contemporaine, dans ses rêves et dans ses désillusions, dans ses drames et dans ses espoirs. Teinté de philosophie mais aussi de poésie, ce film propose une autre alternative, celle du métissage, de la tolérance. Un film fort dont on a entendu beaucoup de bien ici et là et indiscrétion prise, ce film est pressenti, aux côtés de l'algérien Mascarades de Lyès Salem pour le grand prix du Tanit d'or. Autre excellent film projeté dans le cadre de la compétition officielle, jeudi soir, Khamsa, du Tunisien Karim Dridi. Son film raconte l'histoire de Marco alias Marc Cortes, un jeune qui crève l'écran. 11 ans, Marco fugue pour retrouver le camp gitan qui l'a vu naître. Rien ne semble avoir changé: les plongeons dans le chantier naval, les parties de cartes nocturnes avec son cousin, le nain Tony. Il rêve de fortune grâce aux combats de coqs et partir aussi vivre en Espagne. En attendant, avec Coyote, son ami d'enfance, et Rachtique, un jeune arabe d'une cité voisine avec lequel il fait les «quatre cents coups», hommage en passant au film de François Truffaut, dont Karim Dridi est un fan. Mais il a beau embrasser la petite main de Fatma, eu égard à son côté arabe par sa mère (algérienne) qu'il porte autour du cou, protection contre le mauvais oeil et bonheur ne sont pas au rendez-vous. Marco ne souhaite pourtant qu'une seule chose: trouver sa place dans un monde qui se passe de lui.
A travers ce film, Karim Dridi qui espère, a-t-il confié lors du débat, pouvoir tourner un jour un film dans son propre pays, la Tunisie, renoue ici avec le métissage culturel et les relations inter-communautaires, des sujets qui lui sont chers. Karim Dridi avoua en effet, lors du débat public, qu'il n'aurait pu faire un pareil film s'il n'avait pas été un enfant issu du métissage. Un Français considéré comme Tunisien en France et le contraire en Tunisie. Ce qui l'a intéressé de filmer à travers ce film, ce n'est pas l'histoire des gitans mais plutôt la vie de ces enfants déshérités, ces marginaux laissés pour compte et mis à mal dans un pays comme celui des droits de l'homme. C'est parler, dit-il, du «sous-prolétariat français» et les plus touchés ce sont les enfants. Ceux qui se trouvent toujours à la périphérie. «Mon cinéma parle de l'injustice humaine et des opprimés. Le métissage j'en fais ma force», souligne-t-il. Dans la même lignée que Ali Zawa de Nabil Ayyouche et dans une moindre mesure, Exils de Tony Gatlif, Karim Dridi dit ne jamais avoir pu faire ce film sans son propre métissage duquel il a puisé cette «supra-sensibilité». Un film qui vient de sortir en France et intéresse déjà beaucoup de monde eu égard à la pertinence du sujet. Enfin, un autre film que nous avons regardé avec intérêt est Wathever Lola wants du Marocain Nabil Ayyouche. Un nouveau style qui diffère complètement de Ali Zawa. Lola, 25 ans, vit à New York où elle travaille pour la poste en rêvant d'une carrière de danseuse. Youssef, son meilleur ami, est un jeune Egyptien gay installé à New York pour y vivre comme il l'entend. C'est par lui que Lola découvre l'histoire d'Ismahan, star de la danse orientale, véritable légende au Caire et du tarab. Dans le restaurant où Youssef travaille, Lola rencontre un autre Egyptien, Zack. L'idylle tourne court quand Zack prend conscience des différences culturelles qui les séparent et rentre en Egypte. Sans réfléchir, Lola, aussi impulsive que naïve, décide immédiatement de le suivre, sous les yeux effarés de Youssef. Arrivée au Caire, déçue par l'accueil de la famille de Zack autant que par l'attitude du jeune homme, Lola se met en tête de retrouver la fascinante danseuse Ismahan. Et elle y arrive jusqu'à son ascension. Lola va jusqu'au bout de sa «légende personnelle» qu'elle retrouve au Caire. Ce long métrage haut en couleur, qui n'est pas dénué de pointe d'exotisme, se veut un bel hymne au partage des cultures, à l'altérité. A la rencontre de l'autre tout en reconnaissant son droit à la différence. C'est l'esprit de ces JCC.


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