Les leaders d´Afrique australe étaient sous pression hier pour durcir leur position envers le président zimbabwéen Robert Mugabe à la veille d´un sommet extraordinaire à Johannesburg, considéré comme celui de la dernière chance pour sortir le Zimbabwe de la crise. Plusieurs responsables de la Communauté de développement d´Afrique australe (SADC) et des chefs de l´opposition étaient déjà présents samedi dans la capitale économique, où l´organe de sécurité régional se réunissait dans l´après-midi pour préparer ce sommet consacré au Zimbabwe et à la République démocratique du Congo (RDC). Juste avant cette réunion, Human Rights Watch (HRW) est monté en première ligne. L´organisation a appelé le bloc régional a plus de fermeté, estimant qu´il devait «faire pression sur Robert Mugabe ou demander aux Nations unies d´intervenir». Dans son nouveau rapport, le HRW, qui fait état de 163 personnes tuées depuis les élections générales fin mars, accuse le régime zimbabwéen d´utiliser le système judiciaire et policier contre l´opposition et la société civile en dépit de l´accord signé mi-septembre, resté lettre morte. Le journal gouvernemental The Herald a de son côté accusé hier l´opposition d´être responsable de cette impasse et a appelé le président Mugabe à former un gouvernement «le plus vite possible». «Malheureusement, les leaders du MDC, dont les tergiversations ont fait capoter les précédentes négociations, chantent à chaque fois un refrain différent pour saboter les discussions de demain» (aujourd'hui), a estimé le quotidien dans un éditorial publié en première page. Le MDC faisait preuve de la même désillusion, craignant que les discussions n´aboutissent en raison de «l´attitude» du parti au pouvoir. Il a de nouveau appelé à la tenue d´une nouvelle élection présidentielle en cas d´échec du sommet. Les deux partis ont signé le 15 septembre un accord de partage du pouvoir mais n´ont pas réussi à s´entendre sur la répartition des ministères-clés, en particulier celui de l´Intérieur qui contrôle la puissante police. Face à cette impasse, le président Mugabe a attribué unilatéralement le 11 octobre la plupart des portefeuilles clés du gouvernement à son parti. La Sadc a ensuite tenté avec son médiateur, l´ancien président sud-africain Thabo Mbeki de pousser MM.Mugabe et Tsvangirai à trouver un accord. En vain. Elle a subi un nouvel échec lors de deux mini-sommets de son organe de sécurité, composée du Swaziland, du Mozambique et de l´Angola. Près de deux mois après la signature de l´accord, le sommet élargi d'aujourd'hui aux 15 membres du bloc régional est donc très attendu après le changement de ton de l´Afrique du Sud, qui préside la Sadc. Elle s´est finalement décidée à durcir sa position pour s´«assurer qu´un accord soit conclu» face au risque de déstabilisation pour la région. Certains experts craignent cependant que la région, divisée sur la question du Zimbabwe, ait peu de poids face au plus vieux chef d´Etat africain, au pouvoir depuis l´indépendance du pays en 1980. L´impatience dont font preuve les voisins du Zimbabwe, comme le Botswana, s´explique sans doute par «la nécessité de se porter sur de nouvelles crises comme en République démocratique du Congo», a souligné l´analyste politique Sydney Masamvu, cité par l´hebdomadaire sud-africain The Weekender. Mais pour le journal, «il y a peu d´espoir que des progrès soient faits lors du sommet de dimanche» au grand dam des 12 millions de Zimbabwéens, dont près de la moitié est menacée de famine.