Bouteflika a affirmé que le dérèglement du climat représente «le plus grand défi» en cette première moitié du XXIe siècle. «La lutte contre le changement climatique ne peut se faire sans la participation des Etats-Unis. Obama a récemment déclaré qu'il s'impliquerait personnellement pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Il a même voulu montrer qu'il est leader dans ce domaine», c'est ce qu'a déclaré en substance le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Yvo De Boer. Intervenant au cours d'une conférence de presse à l'occasion du Sommet des ministres africains de l'Environnement, ayant pour thème le changement climatique, tenue hier à Alger, M.De Boer a souligné que «le chemin vers le Sommet de Copenhague sur le changement climatique prévu en décembre 2009, ne pourrait s'éclaircir qu'avec la confirmation de la nomination de l'Administration de Barack Obama, le nouveau président des Etats-Unis». «Donc, nous n'avons pas beaucoup de temps», a-t-il enchaîné. Et de poursuivre: «La lutte contre les effets de serre nécessite des caisses bien renflouées, ce qui est rare à présent.» Le conférencier a averti que «250 millions d'Africains seront affectés par une pénurie d'eau en 2020. Pour répondre à leurs besoins, il faut dépenser des sommes énormes d'argent. Ce qui est quasiment impossible pour certains pays pauvres». A ce propos, le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, Chérif Rahmani, a indiqué que «les mécanismes existent alors que les fonds sont rares». Le ministre en charge du secteur a mis l'accent sur la sensibilisation de la population quant à la question du changement climatique. A ses yeux, ce phénomène «est complexe parce que c'est un phénomène non seulement nouveau mais il fait appel à des domaines nombreux. Cela nécessite un rôle pédagogique pour sensibiliser la population». Prenant la parole, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a déclaré de son côté que «cette présence massive des ministres africains de l'Environnement démontre l'importance et les enjeux de cette conférence. Ce qui est attendu de cette réunion est que les pays africains doivent sortir avec une seule position. Cela va les aider à adopter une stratégie unique de négociation pour la réunion de Poznan (Pologne) prévue le mois prochain ainsi que la réunion de Copenhague fin 2009». La conférence a été marquée par la présence du ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, qui a déclaré dans une allocution lue au nom du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, que «l'Afrique est un continent vulnérable au changement climatique. Représentant 14% de la population mondiale, l'Afrique n'a pas contribué historiquement au changement climatique et n'est responsable que de 3,5% des émissions mondiales. Avec ses ressources forestières (17% du patrimoine mondial), elle constitue de fait un puits net». Et de poursuivre: «Le rapport, sur l'impact du changement climatique en Afrique, émanant du Secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, est éloquent à ce sujet. La température moyenne a déjà augmenté de 0,7° C au cours du XXe siècle et les prévisions sont alarmantes.» Et d'enchaîner: «Les financements pour assister les pays du tiers-monde notamment l'Afrique, pour entreprendre des plans d'adaptation ou d'atténuation sont peu satisfaisants, tant pour le niveau de leur mobilisation que pour les modalités d'accès. Les questions attenantes aux transferts de technologies n'ont toujours pas trouvé de réponses adéquates.» M.Belkhadem de conclure: «La lutte commune pour sauver notre futur commun n'est pas seulement une question de solidarité financière. C'est aussi une question de fraternité entre les peuples et les cultures. C'est cette vision renouvelée que l'Afrique tentera de faire partager à Copenhague.» De son côté, le secrétaire général de l'Organisation mondiale de la météorologie, Michel Jarraud, a déclaré que «72% des pertes économiques sont liées aux catastrophes climatiques». Pour sa part, l'ancien président du Botswana, envoyé spécial de Ban Ki-moon pour la conférence sur le changements climatiques, a indiqué qu'«il faut une coopération internationale pour lutter contre ce phénomène. A savoir que plus de 600 millions de personnes au sud du Sahara sont tombées dans la famine et 400 millions d'autres sont exposées aux maladies».