A comprendre ces déclarations, la formation de Bouguerra Soltani n'entrerait pas dans la bataille électorale. Alors que son parti est dans de beaux draps, le patron du MSP fait dans la surenchère politique. En prévision de l'élection présidentielle de 2009, Bouguerra Soltani conditionne le soutien de son parti au Président Bouteflika pour un troisième mandat. «Le futur premier magistrat du pays ne doit pas être un partisan d'un parti», a déclaré le patron du MSP avant de demander tout simplement la démission de M.Bouteflika de la tête du FLN où il est actuellement président d'honneur. «Si M.Abdelaziz Bouteflika veut se porter candidat à la présidentielle de 2009, il doit déposer sa démission du FLN», a précisé M.Soltani. «Nous voulons un président qui prime l'intérêt de l'Algérie, loin de sa formation», a-t-il insisté. Ces déclarations ont été faites lors d'une rencontre régionale des conseils consultatifs des wilayas du Centre, qui a eu lieu avant-hier, à Bouira. Est-ce une manière de dire que ni le FLN, ni le RND et encore moins le MSP ne se porteront candidats? Propose-t-il, là, une candidature libre à Abdelaziz Bouteflika? Mais cela ne change en rien la position du MSP quant à son soutien à la troisième mandature du Président Bouteflika. M.Soltani s'est affiché partisan de l'idée de l'investiture de Abdelaziz Bouteflika en 2009. «La conjoncture actuelle de l'Algérie nécessite le maintien de M.Bouteflika au poste de premier magistrat du pays», a-t-il déclaré lors d'un bref point de presse. Ce qui laisse prévoir une grande mobilisation en faveur de Abdelaziz Bouteflika et auquel cas le MSP n'entrerait pas dans la bataille électorale avec son propre candidat, comme le souhaitent les partisans de Menasra. Il n'est pas à écarter que cette déclaration annonce et explicite le nouveau projet du MSP, qui est «le partenariat politique», que Soltani voulait à tout prix instaurer au lieu de l'«Alliance présidentielle». Une autre vision politique qui garantirait, aux trois formations politiques (FLN, RND, MSP) que rien ne rassemble, de constituer le noyau décisionnel du pays et de veiller à ce que les autres partis, notamment le PT, le FNA et le RCD, formations indésirables politiquement, aux yeux du MSP, restent en dehors du cercle des alliés. Histoire de garder, à trois seulement, cette alliance, que Bouguerra Soltani veut transformer en «partenariat». À ce stade, faut-il attendre pour voir si les deux autres partis de l'alliance seront du même avis. Interrogé sur l'heureux élu qui prendra la tête du parti, M.Soltani s'est montré respectueux de la décision du conseil consultatif. Il convient de rappeler que ce parti connaît une rude guerre de leadership, et ce depuis quelques mois, avec la montée en vedette de Abdelmadjid Menasra. Ce dernier veut tirer son épingle du jeu. Il a été d'ailleurs désigné par ses partisans, une centaine de responsables du parti, comme étant le successeur de Bouguerra Soltani. Pour assurer sa place de premier responsable du MSP, M.Soltani a déclaré que «si le conseil consultatif juge utile que je sois l'élu, il est de mon droit d'accepter sa décision». Ce qui fait que Menasra est toujours le maillon faible devant un Soltani qui ne cesse de se faire valoir, en allant en conquistador à la rencontre de la base militante. En attendant le résultat des négociations du madjliss echoura, la crise s'accentue au sein du dernier bastion de l'islamisme politique en Algérie.