La tension est, en effet, à son paroxysme. Comme c'était prévisible depuis quelques jours, la situation aux quatre coins de la wilaya de Béjaïa s'est dangereusement corsée. La tension, qui était circonscrite à la vallée de la Soummam, a fini par dégénérer créant par là un climat de terreur qui contraint les citoyennes et les citoyens à se cloîtrer chez eux. Pour la deuxième journée consécutive, les centres urbains de la wilaya ont vécu au rythme de «l'opération ville morte» lancée par la coordination intercommunale et les partis politiques influents dans la région. Cette action de grève générale, qui entre dans le cadre du «rejet des élections législatives», a complètement paralysé tous les secteurs d'activité. La circulation piétonnière et automobile est réduite à sa plus simple expression tant les risques sont grands, les jeunes sont maîtres des rues et quartiers imposant leur diktat aux passants et routiers. Les RN 26, 9 et 12 sont interdites à la circulation. En plusieurs endroits, elles sont coupées par des barricades de fortune. Au niveau des ponts, les jeunes ont carrément procédé à la fermeture des routes. La tension est, en effet, à son paroxysme. Un climat de crainte et de suspicion, frisant la terreur, pèse sur la quasi-totalité des localités de la région de Béjaïa qui demeure complètement isolée du monde. La fermeture hermétique des chemins menant d'une localité à une autre et d'un village à un autre, empêche le moindre déplacement, indiquent différentes sources concordantes. Par ailleurs, la tension a pratiquement gagné toutes les localités. Sidi Aïch était hier à son troisième jour d'émeutes. Trois bus, soupçonnés d'avoir transporté des renforts de police, ont été incendiés hier et les affrontements à hauteur du commissariat font rage. Des sources crédibles font état d'autres foyers de tension à El-Kseur, Akbou, Aokas, Takerietz... Notons aussi que la plupart des sièges d'APC et de daïra ont été scellés par les délégués de la CICB qui se disent engagés pour un «vote zéro». Ce «siège» de toute la région, d'après les animateurs du mouvement citoyen, ne sera levé qu'après le 30 mai. Les urnes ont été également incendiées. De nombreux renforts de sécurité ont été signalés dans plusieurs localités. A Béjaïa-Ville où la situation était normale au premier jour de la grève, les émeutes ont éclaté hier matin à hauteur du carrefour CNS, près de la wilaya. Les commerçants, qui ont hésité à suivre la grève, ont été contraints, sous la menace, à abdiquer. Signalons enfin que les émeutes qui ont éclaté dans les différentes localités se sont soldées par de nombreux blessés dans les deux camps. Ces localités ressemblent à de véritables champs de bataille. A la veille du jour J, la tension va crescendo, attisée par le front antivote faisant place à un véritable climat de psychose qui laisse largement deviner de quoi sera fait aujourd'hui.