La question épineuse des Algériens détenus à Londres a été éludée lors de la réunion du Comité mixte algéro-britannique. Par quels canaux tran-site «l'argent du mal» et comment l'intercepter? C'est dire que le financement du terrorisme inquiète Alger et Londres. Cette question épineuse était au menu de la visite qu'effectue à Alger le ministre d'Etat britannique, M.Bill Ramel. «Nous avons largement évoqué la question du financement du terrorisme», a déclaré le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines, M.Abdel-kader Messahel. S'exprimant lors d'une conférence de presse qu'il a animée conjointement avec son hôte, à l'issue de la troisième session du Comité mixte algéro-britannique tenue hier à la résidence El Mithak, M.Messahel a été catégorique: «Nous avons même cherché comment nous organiser entre Britanniques et Algériens pour lutter ensemble contre ce phénomène», a précisé M.Messahel. Selon lui, la lutte antiterroriste est une préoccupation des deux gouvernements, en soulignant que la «riposte doit être globale». Ce dernier a fait savoir qu'une réunion sur le financement du terrorisme sera organisée prochainement à Alger. De son côté, M.Bill Ramel a rappelé que les deux pays ont beaucoup souffert de ce phénomène. «Maintenant, nous travaillons ensemble et nous échangeons nos expériences en matière de lutte contre le terrorisme», a-t-il martelé. Les déclarations des deux responsables démontrent que la coopération sécuritaire est l'une des principales raisons du déplacement du représentant du gouvernement de Gordon Brown à Alger. Les deux pays tentent de mettre à profit leurs expériences afin de détecter les sources d'approvisionnement des réseaux terroristes. M.Ramel a qualifié ses discussions avec M.Messahel de «fructueuses». Les deux responsables ont évoqué également plusieurs questions d'intérêt commun. A l'instar de la lutte antiterroriste, l'immigration illégale, les investissements, la question du Sahara occidental, le Moyen-Orient étaient au menu des entretiens. Cependant, la question épineuse des Algériens détenus à Londres a été éludée. «Nous n'avons pas discuté de ce sujet», a déclaré M.Messahel en précisant toutefois que «ce n'est pas un comité pour détenus». Par ailleurs, et afin de muscler leur coopération, Alger et Londres se préparent à mettre en place un cadre juridique. Deux accords portant sur la non-double imposition et sur l'investissement, seront signés durant le premier semestre de l'année 2009. Ces accords seront appuyés par un mémorandum d'entente qui sera entériné entre Alger et Londres. «Des discussions sont en cours pour la signature d'un mémorandum d'entente avec le Royaume-Uni», a indiqué M.Messahel. Selon lui, cet accord permettra de multiplier et d'approfondir les perspectives de partenariat entre les deux pays. «Les relations se densifient entre les deux pays et elles sont bonnes», a estimé M.Messahel. L'émissaire du gouvernement de Gordon Brown a rappelé, de son côté, que son pays est le premier investisseur en Algérie dans le domaine des hydrocarbures. Les investissements engagés en Algérie, tous secteurs confondus, sont de l'ordre de 50 milliards de dollars. M.Ramel a exprimé l'intérêt de son gouvernement à élargir cette coopération à d'autres domaines. Les Britanniques comptent s'impliquer sérieusement dans l'industrie pharmaceutique et dans la formation. A la question de savoir si la crise financière va induire une baisse des investissements en Algérie, M.Ramel a exclu toute réduction à court terme. «Les hommes d'affaires s'intéressent au marché algérien», a-t-il souligné. Créé en 2006, lors de la visite du président de la République à Londres, le Comité économique a programmé une réunion pour bientôt.