Malgré les réformes engagées par l'Etat, la décentralisation institutionnelle, politique, et administrative n´est toujours pas au rendez-vous. Trois jours durant, l´université de Béjaïa a été le théâtre d´une manifestation scientifique traitant de la bonne gouvernance dans notre pays. Les collectivités locales ont été au centre de la thématique de cette rencontre. Intervenant un an après le scrutin des locales, les travaux du colloque national, organisé par la faculté de droit de l'université, en collaboration avec l'Assemblée communale de Béjaïa et ayant pour thème «Les collectivités territoriales et les impératifs de bonne gouvernance. Réalités et perspectives», ont été une occasion aux nombreux universitaires et politiques de s´exprimer sur la question de la bonne gouvernance. La distribution territoriale du pouvoir, les relations juridiques locales, la planification du développement local et la responsabilité des collectivités locales, ont été, entre autres, les questions soulevées. Considéré comme un élément capital pour mettre en oeuvre les évolutions institutionnelles envisagées dans le cadre de la réforme de l'Etat, l'autonomie financière et fiscale des collectivités locales a polarisé les travaux de ce colloque. L'instauration d'un «régime financier et fiscal qui garantit un niveau de service public appréciable» a été prônée à l´occasion. Les intervenants ont appelé à une «véritable réforme» à même de cibler de façon accrue les politiques publiques décentralisées, soutenant l'intérêt des bases d'imposition pour les taxes locales, déterminantes dans la préparation des budgets. Les codes de la commune et de la wilaya sont «inadaptés» aux réalités du jour, a-t-on estimé encore Entre la réalité et la théorie, il y a lieu de relever la nécessité d´une révolution à tous les niveaux. «Aujourd´hui, dans notre pays, la collectivité territoriale n´a aucun sens devant la grave déficience essentielle et structurelle de l'Etat», avait indiqué Hamid Ferhat, président de l´APW de Béjaïa, expliquant que «la déficience essentielle résulte de l´organisation sociale en vigueur qui ne repose sur aucun contrat, ni politique, ni social quant à la déficience structurelle, elle est causé par la dilution de la responsabilité publique et le dépouillement de l´état du processus de décision au profit de centres occultes». Malgré les réformes engagées par l'Etat quant au transfert des pouvoirs juridiques et économiques à ses intermédiaires, la décentralisation institutionnelle, politique, et administrative n´est pas au rendez-vous, estiment les conférenciers. La forte politisation des institutions de base a empêché cette option de décentralisation, qui reste à leurs yeux, un impératif de bonne gouvernance. Il en est de même pour le passage progressif de la démocratie représentative à la démocratie participative. Lancé au lendemain du scrutin des locales de l´an passé, ce slogan peine à trouver sa concrétisation sur le terrain. La problématique des transferts des compétences de l'Etat vers les collectivités locales leur déléguant de larges compétences suppose des décisions politiques courageuses. Le financement des collectivités locales, la fiscalité et autres problèmes liés aux démembrements de base de l´Etat ont été également au centre des préoccupations de ce colloque.