La direction palestinienne met en garde contre la répétition de ces agressions. Le calme qui prévaut dans les territoires occupés est, ici et là, ponctué par des opérations coup de poing de l'armée israélienne, qui n'a guère renoncé à ses méthodes musclées et provocatrices, contre la population palestinienne. C'est ainsi que coup sur coup Jenine, Naplouse Tulkarem, entre autres, ont été, ces derniers jours, brièvement, réoccupées, avec au passage des exactions et des intimidations. Hier, c'était Tulkarem et deux camps de réfugiés de sa périphérie qui ont été réoccupés par l'armée israélienne qui poursuit les arrestations arbitraires des Palestiniens fichés, selon les Israéliens, comme «terroristes». Lors de cette incursion à Tulkarem, six Palestiniens, dont Issam Abou Bakr, le chef local du Fatah, du président Arafat, ont été arrêtés. Sept autres Palestiniens soupçonnés d'«activités anti-israéliennes» ont été arrêtés dans la nuit de vendredi à samedi au village de Tammoun près de Tulkarem. Ainsi, l'armée israélienne met à profit l'accalmie actuelle pour procéder à des arrestations discrétionnaires dans un objectif évident d'intimidation, dans la mesure où c'est toute la population palestinienne qui résiste pour la libération de ses territoires. L'occupation israélienne des territoires palestiniens ne pouvait engendrer autre chose que la résistance d'un peuple qui croit en son destin. Penser qu'il suffira que l'armée renforce sa mainmise sur les territoires, ou qu'il suffira d'arrêter les chefs de file de la résistance pour mettre un terme au combat du peuple palestinien, pour son droit à l'indépendance est un leurre dont les Israéliens ne semblent pas mesurer les conséquences sur la paix dans cette région du Proche-Orient. D'ailleurs, la direction palestinienne avait mis hier en garde, dans un communiqué, contre la poursuite de ces incursions de l'armée israélienne dans les territoires autonomes qui «n'assureront pas la sécurité aux Israéliens» dénonçant par ailleurs le projet israélien de «créer des cantons palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza et à isoler totalement Jérusalem-Est». Israël, qui n'a montré aucune disposition à renouer le dialogue avec les Palestiniens, fait, en revanche, en sorte de créer des obstacles qui interfèrent sur les efforts consentis, par ailleurs, par la communauté internationale pour amener les deux parties à reprendre les négociations. Mais pour le moment, les chances d'organiser une conférence internationale sur le Proche-Orient sont très faibles du fait d'une part de l'interprétation que fait Israël d'une telle conférence, de l'absence d'une véritable détermination de la communauté internationale à imposer la solution consistant en l'existence de deux Etats, Israël et la Palestine, d'autre part. Si, aujourd'hui, la communauté internationale est convaincue que seule l'érection d'un Etat palestinien, aux côtés d'Israël, permettra de clore ce douloureux chapitre de l'entre-deux guerres, comme l'ont réitéré récemment à Moscou les présidents russe et américain, Vladimir Poutine et George W.Bush, il reste encore à en persuader les dirigeants israéliens qui campent sur un refus inébranlable. Aussi, il convient aujourd'hui que la communauté internationale prenne ses responsabilités entières, singulièrement, par la supervision de tout le processus de paix qui viendrait à être engagé entre Palestiniens et Israéliens. L'échec du processus d'Oslo réside notamment dans l'absence de cette supervision, en laissant Israël seul juge des étapes à accomplir dans la mise en oeuvre des accords conclus avec les Palestiniens, accords que les Israéliens ont tenté de réduire à une sorte de reddition de la part des Palestiniens. Cette vision unilatérale de la paix avait ainsi faussé et quelque part remis en cause tous les efforts réalisés ces dernières années pour instaurer la paix entre les deux peuples. Ce que laissait entendre hier, à Charm el Cheikh, le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, qui estime: «Une supervision est cruciale comme l'a montré l'expérience à plusieurs reprises et je pense qu'une assistance internationale à la supervision de tout accord devrait être une des clauses des accords à venir.»