Rencontré à la Maison diocésaine à El Biar, Monseigneur Ghaleb Bader s'est montré très disponible à nous livrer ses impressions sur plusieurs questions préoccupantes de l'heure. Dans cet entretien, il nous parle sans détour des conditions de la célébration de la fête de Noël, des relations entre les communautés musulmane et chrétienne ainsi que sur d'autres sujets. Ecoutons-le... L'Expression: La communauté chrétienne vient de célébrer le Noël. Sous quel signe placiez-vous cet événement Monseigneur Bader? Mgr Ghaleb Bader: La communauté chrétienne d'Algérie célèbre cet événement sous le signe incontestable de la paix. Cela dit, loin de nous l'idée ou l'intention de faire de cette date symbolique une provocation à l'encontre de qui que ce soit. Nous constituons, par contre, une communauté dont le nombre est symbolique dans un pays aussi musulman que l'Algérie. Pour nous, cela constitue la substance même de la coexistence pacifique entre l'Islam et le Christianisme dans ce pays de la tolérance qu'est l'Algérie. Dans quelles conditions s'est déroulée la célébration de Noël? Dans la discrétion la plus complète. Aucun signe de la fête n'est perceptible en dehors des lieux de culte. L'ambiance est différente de celle qui règne dans d'autres pays. Par exemple, chez moi, en Jordanie, les rues et ruelles sont ornées de sapins, de pères Noël, de plantes, etc. Cependant, il est juste que cela soit ainsi. Nous formons une communauté minoritaire dans un pays arabo-berbère et musulman. Cela dit, nous sommes heureux d'être ici et de servir ce pays. Pour nous les chrétiens, la préparation se passe, surtout, sur le plan spirituel. Il s'agit pour nous, de nous préparer à recevoir ce don de Dieu, de Noël. Rencontrez-vous des obstacles ou des difficultés dans l'accomplissement de vos rites? Absolument pas. Surtout que cela se passe dans la discrétion, à l'instar de nos prières. Votre message, à l'occasion de la messe solennelle, a été axé sur la paix. Peut-on savoir pourquoi le choix de ce thème? La paix, vous savez, c'est l'essence même du message. C'est le message de Noël lui-même. Il s'adresse non seulement aux chrétiens mais aussi et surtout aux hommes du monde entier. Tous doivent s'ouvrir à Dieu. Car lui seul peut guérir le monde de tous les maux dont il souffre actuellement. Je prie et je souhaite que ce pays puisse, enfin, bénéficier de la paix civile et vivre dans la prospérité. Il nous est primordial d'être capables de vivre ensemble. Nous devons unir et conjuguer nos efforts pour le bien, non seulement d'une société bien définie, mais aussi de toute l'humanité. Nous devons aller dans le sens de la construction d'une civilisation de dialogue, basée sur l'amour entre les êtres humains. L'homme doit être respecté pour le simple fait qu'il est homme. Quelle lecture faites-vous de tout ce qui a été dit sur l'évangélisation en Algérie? Je préfère plutôt insister sur le fait que la liberté de culte est l'un des droits fondamentaux de l'homme. Loin de toute lecture politique, je dis que chacun de nous doit reconnaître à l'autre la liberté de mener sa vie selon ses convictions, y compris religieuses. Quelle est votre position par rapport au rapprochement culturel entre les musulmans et les chrétiens? Une position de respect mutuel. Nous cherchons toujours les voies de la collaboration avec les gens, les autorités religieuses ou les autres autorités de l'Etat. Sur ce plan, j'avoue que nos relations avec les autorités algériennes sont des relations de complémentarité et d'échange continuel. A ce titre, je salue l'entente qui nous lie aux autorités religieuses algériennes, à l'exemple du ministère des Affaires religieuses et du Haut Conseil islamique. Je vous laisse le soin de conclure. Je remercie L‘Expression de m'avoir offert l'occasion de m'exprimer à l'occasion de Noël. Cela montre l'intérêt que vous portez à notre communauté. Toute ma gratitude au peuple algérien, de nous considérer des siens. Je souhaite paix, concorde et prospérité à tous.