C'est dans ce contexte que naquit l'intelligence de ces artistes, avec l'objectif clairement déclaré de mobiliser les consciences pour lutter contre la haine. L'amour à distance, une nouvelle production de l'association El Moudja de Mostaganem, a été au rendez-vous, jeudi dernier, dans l'après-midi au Théâtre national algérien Mahieddine - Bachtarzi (TNA). La pièce du metteur en scène Djillali Boudjamaâ s'inscrit dans le cadre de la carte blanche initiée par la direction du Théâtre national algérien, une opportunité pour tous les amateurs des quatre coins du pays, de prouver de quoi ils sont capables...L'amour à distance est une histoire inspirée du roman de Amine Maâlouf, écrite par Mohamed Chargui, la chorégraphie de l'irakien Talaât et la scénographie de Mansour Ben Belkheir et Houda Zerrouki. Le metteur en scène, Djillali Boudjamaa a sillonné cet espace ambitionné et ambigu: ce lieu décisif entre absence et présence, entre Orient et Occident, où la relation amoureuse fantasmée se précise à mesure que l'être aimé se rapproche. Dans cet espace entre deux mondes, le personnage du pèlerin joue le rôle crucial du passeur. Remarquablement chanté par Khawla Boudjamaâ, Kacem Maflah, Inas Chrit, Abdelhaq Sbaâ, Alia Fouatmi et Nadjib Moulay, ils transmettent aux amants les pensées fluctuantes que chacun nourrit pour l'autre par-delà les mers. Mieux, en examinant les circonstances idéologiques et sociales de son émergence, la passion est assimilable à la folie. La question implique une double perspective, le malheur qu'on porte à l'autre et le bien-être dont on bénéficie de sa part, Cela signifie que le sujet n'est pas sûr de bénéficier d'une relation de confiance. Cette dernière est, dans le texte, une passion qui pousse un sujet à percevoir autrui comme une valeur absolue, qui lui fait désirer d'être perçu comme tel par autrui, qui, dans le meilleur des cas, place deux sujets en position de réciprocité absolue. La scénographie est constituée de toiles de tissus blancs, symbolisant une vie paisible pleine d'espoir où l'amour est roi. Mais hélas! la réalité n'est toujours pas comme on la souhaite car les tabous sont toujours là et ils sont souvent issus de relations spéciales entre des concepts invisibles, c'est pourquoi ces personnes doivent observer un nombre élevé d'interdits pour préserver leur éminence. On insistera surtout sur l'aspect mortifiant, la souffrance, la menace et le deuil qui finissent par annuler toute possibilité d'affection. Le contact avec eux implique la soumission à des interdits. Celui qui a violé un tabou s'oppose aux idées...n'aura le choix que de s'exiler, au même titre que les meurtriers, les voleurs et les fugitifs. Il évitera par là d'attirer des mésaventures. Les comédiens expliquent le fond de la pièce, en dénonçant avec vigueur les inégalités dont sont victimes tous ces peuples orphelins sur la planète victime des systèmes politiques. Une manière à eux de rendre hommage au peuple palestinien qui subit des actes barbares de la part des sionistes. Les personnages ont rappelé la situation dans laquelle se trouvait la population, qui n'a pas cessé de se détériorer. La décision a donc été prise de parer à cette situation en prenant en considération le plan stratégique d'unification des forces sociales. C'est dans ce contexte que naquit l'intelligence de ces artistes, avec l'objectif clairement déclaré de mobiliser les consciences pour lutter contre la haine.